Le 20 mars est arrivé à Tomes ; mais Naso va-t-il lui faire bon accueil ?...
Voici que revient, fidèlement, mon anniversaire ;
Jour superflu : à quoi m’a-t-il servi de naître ?
Pourquoi, cruel, te rajouter à mes tristes années
D’exil ? Tu aurais dû y mettre fin. Si tu
Te souciais de moi, si tu avais quelque scrupule,
Tu ne me suivrais pas en dehors de ma patrie ;
Là où tu m’as connu, hélas, premier anniversaire,
Tu aurais essayé d’être le tout dernier ;
En me quittant, tu m’aurais dit, à Rome, toi aussi,
Un triste adieu, comme le firent mes amis. 10
As-tu affaire ici… ? César t’a-t-il, dans sa colère,
Envoyé toi aussi près du cercle polaire ?
Sans doute comptes-tu être honoré comme il se doit :
Qu’un habit blanc soit attaché à mes épaules,
Qu’on entoure l’autel fumant de couronnes de fleurs,
Que dans le feu sacré des grains d’encens crépitent,
Que j’offre les gâteaux qu’on offre un jour d’anniversaire,
Que je récite comme il faut les orémus ?
Ni mes dispositions ni les circonstances présentes
Ne me laissent goûter la joie de ton retour. 20
Il me faut un autel funéraire, avec un cyprès
Funèbre, ainsi qu’une flamme pour mon bûcher.
Pas d’encens, auquel les dieux se montreraient insensibles,
Rien à dire de bon dans de si grands malheurs.
Si toutefois je dois formuler un voeu en ce jour,
Je t’en prie, ne reviens jamais plus par ici,
Tant que cette région du bout du monde, ou presque, me
Retient – ce Pont-Euxin, qui porte mal son nom.
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