lundi 29 juillet 2019

Le petit dernier...

J'ai le grand plaisir de vous faire savoir que la revue Empan propose, dans son n° 114, un article intitulé "Ovide, un exilé pas comme les nôtres" ; c'est mon petit dernier...


Vous pouvez le lire en ligne en cliquant sur ce lien :
https://www.cairn.info/revue-empan-2019-2-page-128.htm
Mais vous pouvez aussi - je vous y invite - vous procurer ce numéro (14,40 €), ou acheter des articles sur internet (4,00 € l'article) - le mien peut se lire sans bourse délier...
https://www.cairn.info/revue-empan-2019-2.htm
Bonne lecture, et sachez que la prochaine fois, je vous présenterai... ma petite dernière.

mercredi 24 juillet 2019

Eté studieux

Pour ceux qui souhaitent profiter de l'été pour faire des lectures savantes, voici un ouvrage tout à fait recommandable qui vient de paraître aux éditions de la Sorbonne : Ovide, le transitoire et l'éphémère. Une exception à l'âge augustéen ? (340 p., 28 €).

        Publius Ovidius Naso                                                                          Caius Julius Caesar Octavianus Augustus

Il s'agit des actes du colloque organisé en 2017 par Hélène Casanova Robin et Gilles Sauron à l'université Paris-Sorbonne.
En voici le programme - et, je suppose, la table des matières...

LUNDI 27 MARS 2017 

OVIDE ET LE CONFLIT DES TEMPORALITÉS 
09h30 Gilles Sauron (Univ. Paris-Sorbonne) : « La fin de l’histoire ou une histoire sans fin : Ovide et la mystification augustéenne » 
10h10 Emmanuelle Rosso (Univ. Paris-Sorbonne) : « Représenter l’éternité du Prince »  
11h10 Hélène Casanova-Robin (Univ. Paris-Sorbonne) : « Poétique des apothéoses dans les Métamorphoses d’Ovide : un transitoire paradoxal ? » 
11h50 Jean-Christophe Jolivet (Univ. Lille 3) : « Les empires éphémères (à partir du discours de Pythagore, Métamorphoses XV, 420-452) » 

ÉCRITURES DE FONDATION 
14h30 Francesca Romana Berno (Univ. Roma-Sapienza) : « Ovidio e la permanenza del Chaos » 
15h10 Marianne Moser (Univ. Paris-Sorbonne) : « Entre instabilité et continuité : la cosmogonie des Métamorphoses ou le laboratoire de la poétique ovidienne » 
16h10 Francesca Ghedini - Julia Salvo (Univ. Padova) : « Ovidio e i miti romani » 
16h50 Maud Pfaff (Univ. Strasbourg) : « La fugacité de l’instant dans les Fastes d’Ovide. Paradoxe d’une refondation de Rome par une esthétique de la fluctuation » 

MARDI 28 MARS 2017
 
LE POUVOIR DIVIN : ENTRE INSTABILITÉ ET INSTITUTION 
09h30 Stephen Heyworth (Univ. Oxford) : « The Instability of Divinities in Fasti 3 »
10h10 Valentina Torrisi (Univ. Paris-Sorbonne) : « Une déesse de l’instabilité, selon Ovide : l’Aphrodite de Chypre » 
11h10 Anne Videau (Univ. Paris-Nanterre) : « Entre mythe et histoire, religion et laïcité ? : les Métamorphoses » 
11h50 Eleonora Malizia (Univ. Paris-Sorbonne) : « Ovide dans le Forum Transitoire: le châtiment public d’Arachné) » 

PENSER LE TRANSITOIRE DANS LE MONDE AUGUSTÉEN 
14h30 Mario Labate (Univ. Firenze) : « Mutevolezza dell’individuo, stabilità del mondo: Ovidio e il progetto augusteo » 
15h10 François Prost (Univ. Paris-Sorbonne) : « Le transitoire et l’éphémère dans les poèmes d’exil d’Ovide »
16h10 Aurelia Lupi (Univ. Paris-Sorbonne - Univ. Rome) : « Ovide et les Niobides de la villa attribuée à Valerius Messalla Corvinus à Ciampino (Rome) » 
16h50 Hélène Vial (Univ. Clermont-Ferrand) : « L’éphémère et l’éternel dans le Contre Ibis ou la dernière métamorphose d’Ovide »

Et voici le résumé de l'ouvrage :

"Avec l'avènement du principat d'Auguste, la question du temps, associée à la notion d'ordre et celle de l'éternité de Rome deviennent centrales dans la littérature et l'art contemporains du Prince. Dans ce panorama culturel, Ovide, tout au long de son oeuvre, des Amours aux Tristes, sans parler des Métamorphoses, décline en d'infinies variations la mutabilité des corps, des institutions, des cités et du monde, l'impossible fixité de toute chose, affichant la primauté de l'éphémère. Il révise pour cela les théories cosmogoniques, l'histoire de l'origine du monde, la représentation littéraire et artistique du destin de Rome et celle de la gloire politique.
L'étude du transitoire et de l'éphémère prend ici pour objet non seulement les mythes ovidiens dans leur expression poétique et dans les oeuvres d'art qui leur sont consacrées, depuis la représentation de l'origine du monde aux mythes délibérément inscrits dans la romanité, mais plus largement la manière dont Ovide imprime cette thématique dans sa vision du temps humain, qu'il s'agisse de celui scandé par les fêtes romaines, dans les Fastes, ou dans celui dont il éprouve la durée lors de son exil au bord de la mer Noire, dans les Tristes et les Pontiques."

Bonne lecture !

lundi 22 juillet 2019

Limoges II

Nous voici donc en France, avec cette superbe coupe ovale Diane et Callisto, due à un successeur de Bernard Palissy...

Poterie vernissée / Après 1550

Et ici, à qui avons-nous affaire ?

Flambeau / Porcelaine tendre / Manufacture de Vincennes / Vers 1752

L'inversion des accessoires les a trahis : le monsieur avec une quenouille ne peut être qu'Hercule, et la dame avec une massue Omphale... Car pour se purifier du meurtre d'Iphitos, Hercule avait reçu de l'oracle de Delphes l'ordre de se vendre comme esclave à la reine de Lydie Omphale. Laquelle lui imposa de porter des vêtements féminins et de pratiquer des tâches mulièbres comme le filage et le tissage...

Restons au XVIIIe s., mais changeons de pays : passons en Saxe avec cette statuette en porcelaine dure.


Est-ce Pan et Syrinx ? Daphné et son père le dieu-fleuve Pénée ? Pas du tout...
Il s'agit de Neptune, dieu des mers mais aussi des fleuves, et de la Néréide Amphitrite, son épouse. Pour une fois, les dieux sont fidèles...
Passons maintenant en Angleterre avec cette plaque en porcelaine de Wedgwood, au bleu tout aussi indéfinissable que reconnaissable... La scène représente un sacrifice au dieu Hyménée, dieu qui préside au mariage.


Vous serez sensibles au charme de la scène : à ce bouc qui semble refuser d'aller au sacrifice - on le comprend... -, à la flamme vive de l'autel sur lequel un amour vient de répandre la libation, à la torche qui brûle bien, sans dégager de fumée - celle du mariage d'Orphée et d'Eurydice brûlait mal et piquait les yeux ; on sait comment ça a fini...

Changeons de siècle et revenons en France.
Avons-nous ici affaire à la hure du sanglier de Méléagre ?

Terrine / Faïence / Manufacture Francastel / Milieu XIXe s.

Le cartel ne le dit pas, mais rien n'empêche de le penser...

Et quoi de plus gracieux que cette coupe décorée de la naissance de Vénus ?

Porcelaine dure / Décor de pâte-sur-pâte F. Peyrat / Manufacture Gibus et Redon / Limoges 1868

Quelle surprise ce doit être pour le buveur de se retrouver nez à nez avec la déesse de l'amour une fois la coupe vidée...

En parlant de coupe, voilà qui n'est pas mal dans son genre...

Biscuit de porcelaine dure et argent / Manufacture Jouhanneaud et Dubois / Limoges 1855

Avez-vous remarqué le détail des poignées d'amour par lesquelles Silène, ivre comme à son habitude, est soutenu ?

Terminons avec le XXe s., et deux plats à tête de faune de l'incontournable Picasso...

Faïence émaillée / Atelier Madoura / Vallauris / 1948

Faïence émaillée / Atelier Madoura / Vallauris / 1949

En espérant que cette balade impromptue vous aura donné envie de visiter le musée de la porcelaine de Limoges, où vous trouverez bien d'autres belles choses que ma sélection mythologique et ovidienne...


jeudi 11 juillet 2019

La Grande Oreille

Je découvre, grâce à Hélène Vial, une grande amie d'Ovide, la revue La Grande Oreille, revue spécialisée dans les arts du récit, dont le dernier numéro (n°76) est consacré aux Métamorphoses...

 
Les Métamorphoses d’Ovide sont un monde d’histoires et l’histoire du monde.
Ce foisonnant poème épique, fondateur de notre culture occidentale, ne cesse d’irriguer notre imaginaire. Cruels et sensuels, ces récits de transformation où se mêlent les dieux et les hommes ne peuvent s’effacer de l’esprit.

Au sommaire de ce nouveau numéro :
Dossier : Ovide conteur
Société : Le Good Chance Theatre
Atelier : Avoir du style
La Petite Oreille : Expressions imagée

Et en bonus,  un entretien avec Clélia Tavoillot, conteuse et conceptrice du spectacle "Dans le jardin des dieux", consacré aux métamorphoses végétales.
Pour lire l'entretien : http://lagrandeoreille.com/conter-les-metamorphoses#more-18639

Merci Hélène !...

mercredi 10 juillet 2019

Limoges (I)

Je vous propose aujourd'hui une promenade limousine sur les traces d'Ovide, traces que nous allons trouver sans grande difficulté au musée national Adrien Dubouché, musée de la céramique.


L'établissement doit son nom à celui qui fut son directeur à partir de 1865 et qui eu l'idée aussi simple que géniale d'installer l'école d'art qu'il fonda en 1868 dans le même bâtiment que le musée "afin que les collections servent de source d’inspiration pour les artistes et les artisans qui allaient intégrer les manufactures porcelainières alors en plein essor".

Très à l'honneur dans les collections, la déesse Vénus...
La voici tout d'abord surprise à sa toilette par le photographe - elle ne s'y attendait vraiment pas...

Biscuit de porcelaine dure / Manufacture Peullier (vers 1850-1890) / Paris, 1867

A proximité, Cupidon, dans cette Offrande à l'Amour...

Biscuit de porcelaine dure / Manufacture Locré-Russinger, Paris, 1772-1797

Et pour faire bon poids, Vénus et Cupidon...

Biscuit de porcelaine dure / Manufacture Locré-Russinger, Paris, 1772-1797

La section historique du musée nous propose, entre autres poteries grecques, cette magnifique amphore où l'on reconnaît Dionysos entre deux femmes...

Terre cuite à décor de figures noires / Entourage du peintre d'Antiménès / Athènes, vers 520 av. J.-C.

Un grand bond en avant nous conduit dans l'Italie du XVIe s. Evidemment, nous avons allègrement sauté par dessus la porcelaine de Chine, pays qui a pourtant vu naître cet art - mais qui n'est ni terre ovidienne ni terre métamorphique...

Pour me faire pardonner cette lacune, voici un plat orné d'une femme jouant de la viole et devant lequel - laquelle ? - je suis tombé en extase...

Faïence stannifère / Décor de grand feu et lustre métallique /  Deruta / 1er tiers du XVIe s.

Et s'il s'agissait d'Eurydice déplorant la mort d'Orphée ?...

Continuons par une énigme, c'est-à-dire une coupe sans cartel...


Au centre, j'y devine les neuf Muses entourant Apollon. Quant aux autres personnages - des poètes couronnés de laurier, me semble-t-il - je ne me hasarderai pas à les identifier. Je me contenterai de supposer que l'un d'eux est notre cher Naso...







samedi 6 juillet 2019

Les Métamorphoses à Genève

Métamorphoses
Salles permanentes
10 mai 2019 - 16 février 2020
Musée d’art et d’histoire


L’ouvrage parangon d’Ovide Les Métamorphoses constitue un riche sujet pour une présentation thématique des collections beaux-arts en lien avec l’Antiquité. Ce long poème imprègne profondément la culture occidentale, tant au niveau littéraire qu’iconographique, mais il invite aussi à interroger le processus créatif.
Plusieurs thèmes seront abordés dans la salle 15 à travers les œuvres des collections, de l’art ancien à l’art contemporain : le monde en création et en constante mutation ; le désir comme origine des métamorphoses ; la métamorphose comme « entre-deux » qui, comme l’art, remodèle indéfiniment l’espace et le temps. Centrée sur la fortune d’Ovide à l’âge moderne, la salle 23 accueillera un ensemble de gravures des XVIe et XVIIe siècles donnant à voir la richesse des inventions formelles et des interprétations morales et philosophiques suscitée par les Métamorphoses



Métamorphoses

Dans le cadre de la Saison Antique, le MAH propose une présentation autour du célèbre texte d’Ovide.

À l’étage des Beaux-Arts, les chefs-d’œuvre de Ferdinand Hodler ont retrouvé leur place au sein du nouvel accrochage des collections modernes, après l’étape bernoise de l’exposition Hodler//Parallélisme. Dans cette salle «revisitée», les paysages du peintre suisse sont mis en regard de ses grandes compositions symboliques. Les salles 15 et 23, désormais réservées à des accrochages temporaires d’œuvres des collections d’arts plastiques, font écho à la Saison antique avec une présentation consacrée à la riche postérité visuelle d’un des chefs-d’œuvre de la littérature antique, les Métamorphoses d’Ovide.


«Je me propose de dire les métamorphoses des formes en des corps nouveaux.» Par cette formule concise, Ovide ouvre l’ample poème épique des Métamorphoses, dont les quelque douze mille vers, composés au Ier siècle après J.-C., relatent l’histoire mythique du monde, du chaos originel à l’apothéose de Jules César et au principat d’Auguste. Plus de deux-cent-trente récits tissent un entrelacs fascinant et complexe, dans lequel prolifèrent les lieux, les temporalités et les transformations diverses subies par les protagonistes. Le poème reflète un monde où la métamorphose, au-delà de sa fonction poétique, se révèle comme le principe même qui régit l’univers: «Tout change, rien ne périt.» Mutations stellaires, végétales, minérales et animales, Ovide excelle dans la narration de ces transitions d’une inépuisable variété.


Métamorphoses «métamorphosées»: à l’image des formes sans cesse changeantes du poème, les interprétations plastiques de l’œuvre d’Ovide n’ont cessé de se renouveler, multipliant les variantes iconographiques. Par le nombre de ses éditions, souvent illustrées, et de ses réécritures, traductions et commentaires, sources de nouvelles interprétations, cet inépuisable réservoir de sujets mythologiques a en effet connu une postérité extraordinaire, de l’Antiquité à nos jours. Au sein de ce corpus visuel abondant, la sélection d’œuvres de la collection du MAH présentées en salle 15 s’attache à mettre en valeur plusieurs thématiques: le monde en création et en constante mutation; la figure de Bacchus, dieu par excellence des transformations; le désir et la violence, au cœur des transfigurations; la temporalité fugace de la métamorphose.
Réservée aux arts graphiques, la salle 23 se concentre sur un ensemble de gravures des XVIe et XVIIe siècles, dues pour la plupart au génie inventif du peintre, dessinateur et graveur Hendrick Goltzius (1558-1617). Ses compositions foisonnantes et savamment élaborées dévoilent un corps humain en constante transformation. De manière complémentaire, les deux volets de cet accrochage rendent manifeste la complexité des relations entre représentation visuelle et littéraire, image fixe et mouvante du mythe.
Ce texte est tiré du MAHG, magazine du Musée d’art et d’histoire, paru en janvier 2019.