mercredi 14 août 2019

Le Cyclope de Paul Rebeyrolle

Entre Saint-Yrieix et Limoges, pourquoi ne pas visiter l'Espace Rebeyrolle, à Eymoutiers ?
Vous y retrouverez ou découvrirez, c'est selon, ce peintre et sculpteur puissant - et méconnu - que fut Paul Rebeyrolle (1926-2005). Des toiles et des sculptures de grand format, un peu abstraites, un peu figuratives et rattachées au courant de la Nouvelle figuration, si cela peut vous permettre de vous faire une idée...
Mais, allez-vous me dire, quel rapport avec notre sujet ? Pratiquement aucun, je vous l'accorde... Sauf ce Cyclope, dont la force m'a semblé irrésistible...

Le Cyclope, Hommage à Georges Guingouin, 1987.
Peinture sur bois 530x500

Vous voulez en savoir davantage sur cette oeuvre ?
Voici donc le texte d'accompagnement :

"La transgression de l'ordre refusé est tout entière dans ce piétinement et ce qui peut le suivre. Car le géant ne va pas manquer de balayer « tout ça » d'un coup de pied latéral. Voyez la plante du pied, il a le pied droit pour cela. Guenilles et oripeaux habillés des membres devenus squelettes, ils vont être renvoyés dans la nuit. Comme un chasseur expose ses trophées à même le sol, le géant présente les dépouilles des vaincus. Il va les renvoyer dans l'obscur, la couleur noire de la partie droite, en bas. Il est vainqueur. (...)
Les trophées glorifient le chasseur, ils disent son habileté, son sens de la chasse. Le chasseur n'a qu’un œil ! Celui qui vise - ne ferme-t-il pas un œil pour mieux atteindre sa cible ? C'est un Cyclope dont l’œil noir, unique est énorme, hors normes, et dans l'axe de la diagonale, entre le soleil et le pied. Un cyclope qui nous entraîne dans les plus anciens mythes, ceux de la force au service des dieux. (...)
Maîtres du tonnerre, les cyclopes manient la foudre. Leur violence, toujours soudaine, est une coulée de lave, rouge et fumante. Leur oeil unique contient toute la puissance magique du regard fulgurant. Ils sont les invincibles. Ils ouvrent, par le déchaînement imprévisible de leur puissance, un nouvel espace qui permettra à chacun de trouver sa place dans l’étendue et dans le temps. Ils portent l'espérance du nouveau au sein même de l'obscurité. Briseurs de chaînes, grâce à eux, l'obscurité sera remplacée par la lumière. (...)
Entrer en résistance c'est d'abord se lever, vouloir vivre debout. Mais le résistant, entrant dans l'illégalité, doit dissimuler son engagement et souvent se cacher, clandestin de passage dans des maisons obscures, ou s'installer dans les bois. Et puis il agit, organise la lutte, en le faisant voir et savoir, sort de terre pour montrer sa face et donc sa force. (...)
L'homme Guingouin a tenu bon, aussi est il, à sa manière, un titan. Il est devenu un mythe, héros d'un grand récit exemplaire d'une nouvelle origine. Avant le moment de grâce où, à la Libération, la multitude reconnut le résistant, il lui aura fallu vivre la sortie du trou. Rebeyrolle peint ce moment décisif."
                                                          Jean-Jacques Fouché, Georges Guingouin, Chemin de Résistance
                                                                                                             Ed. Lucien Souny, 2003 (extraits)

A chacun son Cyclope... Mais celui de Paul Rebeyrolle me va...

http://www.espace-rebeyrolle.com/

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