Qui sait s'il ne l'aidera pas à obtenir la grâce de l'empereur ?...
Tu ne veux pas dissimuler l’amitié qui nous lie,
Très cher, ni ne le pourrais si tu le voulais.
Tant que ce fut permis, nul ne m’était plus cher que toi,
Nul ne t’était plus attaché que moi à Rome,
Et les gens savaient si bien à quel point nous nous aimions
Que c’était presque mieux connu que toi, que moi.
Tu avais pour les amis qui t’étaient chers un coeur pur ;
Celui que tu chéris s’en est bien rendu compte.
Quels que soient tes secrets, tu m’en faisais le confident,
Tu m’en donnais beaucoup à garder dans mon coeur. 10
Si j’avais un secret, c’est à toi que je le disais,
A toi seul – excepté celui qui m’a perdu.
En l’apprenant aussi, tu conservais ton compagnon :
Tes conseils, mon ami, auraient fait mon salut.
Sans doute mon destin voulait-il que je sois puni :
Il m’interdit de jouir du moindre avantage.
Aurais-je évité ce malheur en me montrant prudent,
Ou rien ne permet-il de vaincre son destin ?
En tout cas, toi qu’un long commerce m’a rendu si proche,
Toi que je regrette, peut-être, plus que tous, 20
Ne m’oublie pas, et si ton crédit peut être efficace,
Tente, je t’en prie, quelque chose en ma faveur,
Pour que la colère du dieu que j’ai blessé se calme,
Qu’il allège ma peine en m’exilant ailleurs ;
Ainsi soit-il, puisque mon coeur n’a rien de scélérat,
Puisqu’une erreur est à la base de mon crime.
Il serait long et imprudent de dire quel hasard
M’a rendu complice d’une funeste faute.
Je tremble quand je pense à ces moments – à ma blessure – ;
Ma douleur même se ravive à ce rappel. 30
Ce qui peut à ce point faire naître la honte, il faut
Le tenir enfoui dans une nuit profonde.
J’ai commis une faute, voilà tout, mais je n’ai pas
Cherché à tirer avantage de ma faute.
Si l’on veut appeler les choses par leur nom, il faut
Nommer « sottise » le crime que j’ai commis.
S’il n’en est pas ainsi, envoie-moi si loin en exil
Que cette terre-ci soit la banlieue de Rome.
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