L'adage n'existait pas encore du temps d'Ovide, mais c'est tout comme. Notre poète adresse sa prière à Jupiter-Auguste...
Zeus lançant la foudre
Oui, je viens supplier de loin un dieu bien loin de moi,
Si un mortel peut s’adresser à Jupiter.
Tu règnes sur l’empire, et sa préservation atteste
Que tous les dieux ont cure du peuple italien.
Glorieux reflet d’une patrie qui fleurit grâce à toi,
Toi qui n’es pas moins grand que ce sur quoi tu règnes,
Laisse attendre le ciel, continue d’habiter la terre !
Ta place est tout là-haut ; rejoins-la lentement !
De grâce, épargne-moi ! Tempère un tant soit peu ta foudre :
Elle me punira toujours suffisamment. 10
Tu as, c’est vrai, modéré ta colère en me laissant
La vie ; j’ai les droits, j’ai les noms du citoyen.
Mes biens n’ont pas été confisqués au profit d’un autre,
Et ton édit ne me nomme pas « exilé ».
J’avais redouté tout cela, pensant le mériter ;
Mais ta colère fut moins grande que ma faute :
Tu as ordonné que je sois relégué dans le Pont,
Que ma nef de banni fende la mer des Scythes.
J’ai obéi et j’ai atteint l’horrible Pont-Euxin.
Ce qui m’afflige est moins un froid continuel 20
– Cette terre s’étend sous le pôle glacé –, un sol
Toujours brûlé par la gelée qui le blanchit,
Un langage barbare et sans lien avec le latin,
Une langue grecque gâtée par l’accent gète,
Qu’une guerre accablante et qui de tout côté m’encercle,
Avec un petit mur qui me protège à peine.
On est parfois en paix, mais cette paix n’est jamais sûre ;
Ici, l’on est en guerre ou l’on a peur d’y être.
Si je m’en vais d’ici, Charybde peut bien m’engloutir,
Ses eaux me jeter dans le Styx et je peux bien 30
Supporter sans broncher les feux dévorants de l’Etna,
Etre jeté dans l’eau profonde de Leucade !
Je veux purger ma peine et veux bien être malheureux,
Mais, de grâce, en l’étant sans courir de tels risques.
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