lundi 11 mai 2020

Tristesses, V, 14

Eh oui, chères et chers amis d'Ovide... Notre rendez-vous quotidien, covidien et ovidien prend fin aujourd'hui. D'abord parce que nous ne sommes plus confinés, puis parce que je n'ai plus d'élégie à vous proposer. Les Tristesses sont achevées...
J'ai eu plaisir à vous retrouver tous les soirs et à poster l'élégie du jour. Un peu à l'aveugle, bien sûr ; mais avec la certitude que certaines et certains d'entre vous ont lu chaque poème, et qu'ils sont un peu tristes, ce soir, d'apprendre qu'ils n'en liront plus...
Mais que dis-je ?... Vous avez aimé les Tristesses ? Vous voulez les avoir à portée de main pour les relire à votre rythme ? Vous voulez les offrir à quelqu'un dont vous êtes sûr qu'il les aimera ? Rien de plus simple : procurez-les-vous auprès des éditions Sables en suivant ce lien :
http://www.sableseditions.fr/livres/tristesses-ovide.html
Voilà qui fera plaisir à mon éditeur et à moi-même.
A bientôt sur le blog, que je continuerai à alimenter, bien sûr, au gré des informations ovidiennes...



                             

Ô, mon épouse, qui m’es plus chère que moi, tu sais
     Combien d’attentions j’ai eues pour toi dans mes livres.
La fortune peut priver leur auteur de bien des choses,
     Tu seras néanmoins célèbre grâce à moi :
Qui me lira lira aussi ce qui fit ton renom ;
     Tu ne saurais périr entière dans les flammes.
Mon destin peut te valoir d’être jugée bien à plaindre ;
     Tu trouveras pourtant des femmes qui envient
Ton sort et qui, bien que tu aies ta part de mes malheurs,
     Estiment que tu es heureuse, et te jalousent. 10
Non, je ne t’aurais pas donné plus en te rendant riche :
     L’ombre du riche n’emporte rien chez ses Mânes.
Je t’ai fait don d’un nom qui ne périra pas ; tu tiens
     Là le plus beau présent que je pouvais te faire.
Ajoute qu’étant seule à veiller sur mes intérêts,
     Tu en retires un honneur considérable,
Que je n’ai jamais cessé de parler de toi, et que
     Les mentions que je fais doivent te rendre fière.
Pour qu’on ne voie pas là des fanfaronnades, persiste,
     Garde-moi pieusement ta foi, préserve-moi. 20
Tant que j’étais debout, tu t’es montrée irréprochable
     Et nul n’a blâmé ta vertu, mais ce fut tout ;
Ma ruine t’a donné l’occasion de la déployer,
     De lui faire accomplir une oeuvre remarquable.
Si rien ne s’y oppose, être bonne épouse est facile
     Et rien ne fait obstacle au devoir d’une femme.
Quand le dieu a tonné, ne pas s’abriter de l’orage,
     Voilà la vraie tendresse et l’amour conjugal.
La fortune, ordinairement, gouverne la vertu ;
     L’une partie, l’autre ne peut demeurer stable. 30
Mais quand une vertu trouve sa récompense en soi,
     Et garde, dans l’adversité, la tête haute,
Tu peux compter : il n’est pas un siècle qui ne la cite,
     Et elle fait l’admiration du monde entier.
Vois la fidèle Pénélope, incessamment louée,
     Ce qui lui vaut un impérissable renom ;
Vois comme on chante l’épouse d’Hector, celle d’Admète,
     Et celle qui osa se jeter dans les flammes,
Vois comme sa renommée fait que vit Laodamie,
     Dont l’époux foula le premier le sol de Troie. 40
Point n’est besoin que tu meures : aime-moi fidèlement ;
     Tu ne dois pas tenir ton renom des épreuves.
Ne crois pas que ces rappels dénoncent un manquement :
     J’avançais à la rame et je déploie mes voiles.
Te rappeler de faire ce que tu faisais déjà,
     C’est te louer ; et t’exhorter, c’est t’approuver.

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