Attention : Ovide est relégué, pas exilé, et il n'apprécie pas que l'on emploie un mot pour l'autre...
Auguste Bevilacqua
buste de l'empereur portant la couronne civique
Tu m’écris pour te plaindre que quelqu’un qui te cherchait
Querelle t’ait traitée de « femme d’exilé ».
J’ai moins souffert qu’on dise du mal de mon sort – je sais
Etre courageux dans l’épreuve, désormais –
Que de faire honte à qui je l’aurais voulu le moins,
Et de penser que mon malheur t’a fait rougir.
Sois patiente et tiens bon : tu as supporté bien plus grave
Quand le prince, furieux, m’a arraché à toi.
Pourtant, celui qui fait de moi un exilé a tort :
Ma faute m’a valu un châtiment plus doux. 10
Mon plus lourd châtiment est d’avoir offensé le prince
Et j’aurais préféré croiser la mort avant.
Mon bateau a souffert mais n’a pas coulé, pas sombré
Et, s’il n’a pas de port, il est encore à flot.
Je n’ai perdu ni la vie, ni mes biens, ni mon statut
Quand ma faute aurait pu me valoir de tout perdre.
Mais, pour être coupable, je ne suis pas criminel ;
Son seul ordre fut donc de quitter ma patrie.
Et comme envers tant d’autres, qu’on ne saurait dénombrer,
César, en sa puissance, envers moi fut clément. 20
Lui-même emploie le mot de « relégué », non d’« exilé » :
Si mon juge le dit, la cause est entendue.
J’ai donc raison de chanter dans mes vers, bons ou mauvais,
Tes louanges, César, autant que je le peux,
D’implorer les dieux de t’exclure encore de leur ciel
Et de t’autoriser à être dieu loin d’eux.
Le peuple en fait autant : les eaux du petit ruisseau vont
Jusqu’à la vaste mer comme celles des fleuves.
Mais toi, dans la bouche de qui je suis un exilé,
N’aggrave pas mon sort en disant un mensonge. 30
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