Nous revoici en mer, mais cette fois-ci, sans tempête et sur un bateau auquel rien ne peut arriver, puisqu'il s'appelle la Minerve et bénéficie donc de la protection de la déesse...
Embarquement immédiat !...
« Continue, blonde Minerve, à me protéger ainsi ! »
– Mon bateau, où son casque est peint, porte son nom.
S’il faut mettre à la voile, il file à la moindre risée ;
A la rame, il fait route où la rame le mène.
Sa vive allure lui fait devancer ses compagnons,
Dépasser, même, tout bateau parti devant.
Il endure la houle et supporte l’assaut lointain
De la vague, et résiste aux chocs furieux des eaux.
Je l’ai connu à Cenchrée-lès-Corinthe ; c’est mon guide,
Le fidèle compagnon de mon inquiète fuite.
Au milieu des épreuves et des mers battues des vents
Hostiles, la faveur de Pallas le protège.
Puisse-t-il ainsi franchir les portes du vaste Pont
Et atteindre son but : le rivage des Gètes.
Une fois qu’il m’eut conduit dans l’Hellespont et qu’il eut
Tracé le sillon étroit de sa longue route,
Laissant la ville d’Hector, nous avons viré à gauche
Et nous avons atteint ton port, Imbros. De là,
Poussé par un vent léger sur la côte de Sérinthe,
Il a jeté l’ancre, épuisé, à Samothrace.
La traversée jusqu’à Tempyre, en face, n’est pas longue.
C’est là que mon bateau a déposé son maître,
Car j’avais décidé de poursuivre à pied par la Thrace.
Il remit le cap sur les eaux de l’Hellespont,
Gagna Dardanie, dont le nom vient de son fondateur,
Lampsaque, protégée par le dieu des jardins,
Et le détroit resserré dans les eaux duquel Hellé
S’abîma – il sépare Sestos d’Abydos –,
Puis Cyzique, sur le littoral de la Propontide,
Fameuse fondation du peuple d’Hémonie,
Et le rivage de Byzance, lequel donne accès
Au Bosphore, la vaste porte des deux mers.
Puisse-t-il en sortir vainqueur et, poussé par l’Auster,
S’empresser de passer les mobiles Cyanées,
Le golfe de Thynias et de là, par Apollonia,
Faire route en longeant les hauts remparts d’Anchiale,
De là, passer le port de Mesembrie et Odessos
Et la ville qui tient de toi son nom, Bacchus,
Et celle où des réfugiés originaires des murs
D’Alcathoos ont établi, dit-on, leurs Lares.
De là, puisse-t-il arriver à Tomes sain et sauf,
Où la colère d’un dieu offensé m’exile.
Je sacrifierai alors une agnelle méritée
A Minerve – je n’ai pas de quoi faire mieux.
Vous aussi, Castor et Pollux, que cette île vénère,
Protégez de votre puissance les deux routes :
Un premier bateau s’apprête à franchir la passe des
Cyanées, un autre à sillonner les eaux de Thrace.
Même si nous n’allons pas au même endroit, faites que
L’un tout autant que l’autre ait des vents favorables.
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