Eh oui, chères et chers amis d'Ovide, c'est aujourd'hui, 20 mars, que nous fêtons l'anniversaire de la naissance de notre poète, né très exactement le 20 mars 43 av. J.-C., il y a donc 2063 ans...
Le bel âge !...
Du coup, nous pouvons constater que les vers qui figurent en épilogue des Métamorphoses, s'ils sont pleins d'orgueil, ne sont pas dénués de vérité :
L’œuvre que voilà, ni la colère de Jupiter,
Ni le feu, le fer, le temps rongeur ne la détruiront.
Vienne, quand il le voudra, le jour qui n’a prise que
Sur mon corps, qu’il boucle le cours incertain de ma vie.
Le meilleur de moi me fera m’élever, immortel,
Par-delà les hauteurs des astres ; mon nom perdurera.
Là où Rome étend son pouvoir, sur les terres soumises,
Je serai sur toutes les lèvres ; par mon renom, toujours,
Si le présage d’un poète dit vrai, je vivrai…
Métamorphoses, XV,
871-879
Fresque de Luca Signorelli, chapelle Saint-Brice, cathédrale d'Orvieto, XVe s.
Mais au fait...
Une des élégies des Tristesses fait le récit de la façon dont Ovide avait fêté - ou plutôt, s'était abstenu de fêter - son anniversaire lors de son exil à Tomes.
La voici. Peut-être que dans ce contexte de confinement, la relégation d'Ovide sonnera à nos oreilles d'une façon nouvelle...
Bon anniversaire, Naso !...
Voici que revient, fidèlement, mon anniversaire ;
Jour superflu : à quoi m’a-t-il servi de naître ?
Pourquoi, cruel, te rajouter à mes tristes années
D’exil ? Tu aurais dû y mettre fin. Si tu
Te souciais de moi, si tu avais quelque scrupule,
Tu ne me suivrais pas en dehors de ma patrie ;
Là où tu m’as connu, hélas, premier anniversaire,
Tu aurais essayé d’être le tout dernier ;
En me quittant, tu m’aurais dit, à Rome, toi aussi,
Un triste adieu, comme le firent mes amis.
As-tu affaire ici… ? César t’a-t-il, dans sa colère,
Envoyé toi aussi près du cercle polaire ?
Sans doute comptes-tu être honoré comme il se doit :
Qu’un habit blanc soit attaché à mes épaules,
Qu’on entoure l’autel fumant de couronnes de fleurs,
Que dans le feu sacré des grains d’encens crépitent,
Que j’offre les gâteaux qu’on offre un jour d’anniversaire,
Que je récite comme il faut les orémus ?
Ni mes dispositions ni les circonstances présentes
Ne me laissent goûter la joie de ton retour.
Il me faut un autel funéraire, avec un cyprès
Funèbre, ainsi qu’une flamme pour mon bûcher.
Pas d’encens, auquel les dieux se montreraient insensibles,
Rien à dire de bon dans de si grands malheurs.
Si toutefois je dois formuler un voeu en ce jour,
Je t’en prie, ne reviens jamais plus par ici,
Tant que cette région du bout du monde, ou presque, me
Retient – ce Pont-Euxin, qui porte mal son nom.
Tristesses, III, 13
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