samedi 2 mars 2019

Age of classics ! (II)

Comment ? Vous n'aviez pas reconnu l'original antique sous les traits du Marcellus moderne ? Le voici donc...
 







Statue de Marcellus du type Hermès Ludovisi
Marbre grec du Ier s.
d'après un type grec du Ve s.
Exposé au usée du Louvre

La marinière et le pantalon orange vous gênent ?
C'est que vous n'êtes pas sensibles à la pratique de Léo Caillard. Voici comment elle lui est venue à l'esprit. Comme l'explique Anne Dattler, "C'est une visite dans la salle Richelieu du Louvre qui a inspiré à l'artiste la série Hipsters in stone. 'Dans cette salle, la majeure partie des statues sont nues et représentent des dieux grecs ou des personnages iconiques qui semblent éloignés de nos références actuelles. Je me suis dit qu'habillés, ils ressembleraient plus au hipster du coin qu'à un dieu grec'." - un hipster étant "un individu qui tente ironiquement de se démarque du reste de la société par certains habitus culturels (musique, lieux de sociabilisation...), vestimentaires et physiques (tatouages, port de la barbe)."

Toujours de Léo Caillard, voici Icarus, galvanoplastie sur résine (bronze et base en marbre), 2017 (prêt de l'artiste).

Quelques mots d'accompagnement, toujours empruntés à Anne Dattler.
"L'oeuvre exposée par le musée appartient à un triptyque rassemblant trois sphères de couleur différente, dotées chacune d'une paire d'ailes dont la position varie : les ailes de la première sphère, de couleur jaune (comme le soleil qu'elle symbolise) miment le moment de l'envol ; celles de la deuxième sphère, de couleur rouge, se déploient largement, évoquant le moment où l'inconscient Icare se rapproche trop du soleil ; la dernière sphère, de couleur noire, est dotée d'ailes repliées qui suggèrent la chute du jeune garçon et sa mort imminente.
Léo Caillard s'est inspiré d'ailes d'autruche pour créer celles dont il affuble ses trois sphères. La référence à cet oiseau renvoie, dans l'esprit de l'artiste, à l'idée que notre société s'est laissée dépasser par les projets trop grands qu'elle a conçus : face aux catastrophes imminentes qui le menacent et qu'il a lui-même provoquées par son sentiment de toute-puissance (on peut songer par exemple à la situation climatique de la planète), l'homme a choisi de faire l'autruche, refusant de prendre les mesures nécessaires à la survie du monde qu'il habite." 
L'homme fait l'autruche et l'artiste dote la sphère d'ailes d'autruche... C'est d'une logique implacable...

Troisième incursion dans l'univers de Léo Caillard, décidément bien représenté au MSR...

Discobolus Led Neons
Résine galvanisée chrome, néons et LED souples, 2017


"Cette sculpture fait partie d'une autre série de Léo Caillard appelée Light Stone. Joignant la pierre à la lumière, le solide à l'immatériel, l'artiste habille de néons et de led de célèbres statues antiques comme le Discobole sculpté par l'Athénien Myron au Ve s. avant notre ère. (...)
Plusieurs copies en marbre datant de l'époque impériale furent réalisées à Rome. La plus célèbre d'entre elles fut découverte au XIIe s. sur le mont Esquilin. Elle est aujourd'hui exposée au Palazzo Massimo alle Terme de Rome sous le nom de Discobole Lancellotti. Réalisée au IIe s. de notre ère, elle est considérée comme la reproduction la plus fidèle de l'original grec.
Le MSR possède une autre de ces copies en marbre du célèbre Discobole de Myron. La statue, découverte au XVIIe s. à Carcassonne, dans le lit de l'Aude, est privée de sa tête, de ses bras et d'une partie de ses jambes. (...)


En associant la lumière et la pierre, l'artiste traduit le contraste entre la légèreté donnée au corps par la vitesse du mouvement et l'ancrage des pieds qui doivent être solidement plantés dans le sol, condition nécessaire à la réussite du lancer. Les fils d'alimentation des néons qui courent le long de la colonne vertébrale du discobole ont été laissés visibles pour suggérer l'idée du transhumanisme."
Personnellement, je trouve beaucoup de modernité à ce Discobole mutilé... Et le Discobole de Léo Caillard n'est pas sans efficacité...

La prochaine fois, nous parlerons photographie...

Aucun commentaire: