mercredi 21 mars 2018

Sale temps pour Naso...

J'ai le plaisir de vous inviter, si vous passez par Toulouse jeudi prochain 29 mars, à la librairie Ombres Blanches (3 rue Mirepoix), où je ferai une conférence que j'ai intitulée "Sale temps pour Naso..." et sous-titrée "Météorologie et temporalité dans les Tristesses d'Ovide". Elle aura lieu dans le cadre de la semaine de l'Antiquité 2018, organisée par l'Association de la Région Toulousaine pour l'Enseignement des Langues Anciennes (ARTELA). La conférence commencera à 20h et finira tard dans la nuit...
Au plaisir de vous y retrouver !




https://www.ombres-blanches.fr/les-rencontres/rencontre/event/jean-luc-levrier/sale-temps-pour-naso//3/2018.html

mardi 20 mars 2018

Bon anniversaire, Naso !

Nous sommes aujourd'hui le 20 mars, jour anniversaire de la naissance d'Ovide.
Même au fond de son exil de Tomes, il le fêtait. Un peu tristement si l'on en croit l'élégie suivante...


Voici que revient, fidèlement, mon anniversaire ;
            Jour superflu : à quoi m’a-t-il servi de naître ?
Pourquoi, cruel, te rajouter à mes tristes années
            D’exil ? Tu aurais dû y mettre fin. Si tu
Te souciais de moi, si tu avais quelque scrupule,
            Tu ne me suivrais pas en dehors de ma patrie ;
Là où tu m’as connu, hélas, premier anniversaire,
            Tu aurais essayé d’être le tout dernier ;
En me quittant, tu m’aurais dit, à Rome, toi aussi,
            Un triste adieu, comme le firent mes amis.
As-tu affaire ici ? César t’a-t-il, dans sa colère,
            Envoyé toi aussi près du cercle polaire ?
Sans doute comptes-tu être honoré comme il se doit :
            Qu’un habit blanc soit attaché à mes épaules,
Qu’on entoure l’autel fumant de couronnes de fleurs,
            Que dans le feu sacré des grains d’encens crépitent,
Que j’offre les gâteaux qu’on offre un jour d’anniversaire,
            Que je récite comme il faut les orémus ?
Ni mes dispositions ni les circonstances présentes
            Ne me laissent goûter la joie de ton retour.
Il me faut un autel funéraire, avec un cyprès
            Funèbre, ainsi qu’une flamme pour mon bûcher.
Pas d’encens, auquel les dieux se montreraient insensibles,
            Rien à dire de bon dans de si grands malheurs.
Si toutefois je dois formuler un vœu en ce jour,
            Je t’en prie, ne reviens jamais plus par ici,
Tant que cette région du bout du monde, ou presque, me
            Retient – ce Pont-Euxin, qui porte mal son nom.
Tristesses, III, 13
 
Eh bien nous, nous allumerons des bougies, nous partagerons un gâteau et nous chanterons en choeur "Bon anniversaire !"...

dimanche 18 mars 2018

Constanţa

Vous vous souvenez peut-être que Constanţa, la ville roumaine où Ovide fut exilé - elle se nommait alors Tomes - a reçu il y a quelques mois la visite des photographes de l'association Vertige.
Eh bien, j'ai deux bonnes nouvelles à vous annoncer les concernant.
Ils ont un livre en préparation...


Il ne s'est pas agi pour eux d'aller sur les traces d'Ovide, mais ils n'ont pas pu ne pas croiser ses pas deux mille ans après, ce que je trouve émouvant...
Voici une pincée de photographies rapportées de là-bas...













Si vous le souhaitez, vous pouvez contribuer à la réalisation de ce livre en participant à son financement.
 
La deuxième bonne nouvelle est que Vertige nous convie à l'exposition des photographies de Constanţa. Ce sera le week-end du 16-17 juin, à Puysségur (31480), dans une forêt - oui ! les tirages seront accrochés aux arbres...
Et si vous voulez découvrir le travail de ces photographes vertigineux, cliquez sur ce lien : http://photovertige.free.fr/

samedi 10 mars 2018

Salvador Dali et l'Art d'aimer

Dali est à l'honneur à Nantes : la Rosière d'Artois (35 rue de la Rosière d'Artois) accueille jusqu'au 31 mars une exposition qui permet de voir ou de revoir plus de trois cents oeuvres du surréaliste (http://expodalinantes.fr/).

Certaines lui ont été inspirées par l'Art d'aimer. En voici quelques unes, que nous a transmises Arachné. Un grand merci à elle !


Il s'agit de douze lithographies datant de 1979.

Pylade aimait Hermione

Phoebus, ce dieu couronné de lauriers

Le jeune Icare

Ouvrez grand les bras et volez-y sans tarder ! L'exposition s'achève à la fin du mois...




samedi 3 mars 2018

N'est-il bon bec que de Paris ?...

Evidemment, face aux trésors de la capitale, la province fait figure de parent pauvre.
Mais, si l'on fait l'effort d'y regarder de plus près, si l'on ne se contente pas de fréquenter les lieux signalés par des affiches en grand format, on découvre qu'elle ne manque pas de trésors.
Voyez plutôt ceux que j'ai sélectionnés pour vous sur les chapiteaux de la collégiale Saint-Nicolas, à Nogaro, dans le Gers.


Ce roi David ne tient-il pas d'Orphée ?
Vous me direz qu'il tient surtout... une viole de bras. C'est exact, et je suis toujours émerveillé de voir les adaptations qui se font, au fil du temps, de l'image d'Orphée : cithariste dans l'Antiquité, violiste au Moyen Age et, pourquoi pas, guitariste à notre époque. C'est, en tout cas, comme ça que je le vois...

Cette sirène médiévale a perdu son visage et sa forme antique, puisque ces terribles chanteuses étaient alors des femmes-oiseaux et non les femmes-poissons de la tradition scandinave.


Si l'on en croit Ovide - et pourquoi ne le croirait-on pas ?- leur origine remonte à l'époque où Cérès était à la recherche de sa fille Proserpine, que Pluton venait d'enlever dans la plaine d'Henna, en Sicile.
Les jeunes filles qui jouaient avec elle partirent à la recherche de leur camarade et déplorèrent, en atteignant la côte, de ne pouvoir poursuivre leurs investigations au-dessus des flots. Pour le leur permettre, les dieux les dotèrent d'ailes, mais s'abstinrent de leur ôter leur belle voix...
Voici comment un peintre les représentait sur un statmos à figures rouges (480-470 av. J.-C.) conservé au British Museum.


On reconnaît Ulysse attaché au mât de son bateau : pendant qu'il s'émerveille, ses compagnons, dont il préalablement bouché les oreilles avec de la cire pour les rendre sourds au chant des sirènes, rament sans rien entendre.

Et ce centaure n'a-t-il pas fière allure, lui aussi ?


Cet être mi-homme, mi-cheval représentait, dans l'Antiquité, l'humanité s'arrachant à l'animalité. Au Moyen Age, sur les chapiteaux des cloîtres, il représente l'effort que fait l'homme pour tendre vers la spiritualité chrétienne en se dégageant des pesanteurs terrestres, profanes et, en un mot, païennes.
Pour moi, il ne représente pas la nécessité de s'arracher à ceci pour accéder à cela, mais la tentative de préserver ce dont nous sommes issus pour vivre pleinement ce que nous sommes. Suivez mon regard : préserver notre culture humaniste pour vivre pleinement notre modernité...
Car une modernité qui n'assumerait pas ses origines s'imposerait une mutilation, ferait de l'homme un cul-de-jatte.

                                       © Jean-Luc Ramond

Et vous, quelle est votre vision du centaure ?
Envoyez-moi vos réponses : je les publierai sur le blog...