mardi 30 mai 2017

Myrrha...

Sans doute vous est-il arrivé, en vous promenant dans la nature, de sentir près de vous la présence indiscutable d'une nymphe, celle de Syrinx dans une roselière ou de Cyparissus dans un cyprès qui vous faisait un signe de tête...
Tout récemment, c'est Myrrha accouchant d'Adonis que j'ai cru voir dans le beau parc de Lapenne, pourtant dédié aux bambous. Jugez-en plutôt...


Et si vous voulez vérifier sur place, voici : https://parcauxbambous.com/

dimanche 28 mai 2017

Orphée en Avignon

Si vous avez l'intention d'assister au prochain Festival d'Avignon, vous pourrez y retrouver Orphée dans l'approche qu'en propose un ami d'Ovide, Louis-Marie Zaccaron-Barthe.
Pour vous faire une idée du spectacle, intitulé "Orphée ou le rêve de la beauté ", vous pouvez lire le compte rendu qu'en donne Le Midi Libre : http://www.midilibre.fr/2017/05/04/orphee-a-teyran-en-avant-premiere-avant-avignon,1502186.php
Vous pouvez aussi regarder le teaser ou, pour mieux dire, l'incitamentum tourné aux environs du Pic Saint-Loup : https://www.youtube.com/watch?v=HVMC0_DwkZc
Vous pouvez surtout aller voir le spectacle en juillet prochain...

Orphée, © Jean-Luc Ramond


mercredi 24 mai 2017

La Calisto et Alcione sur Culturebox

Si vous n'avez pas pu vous rendre en Alsace pour La Calisto de Francesco Cavalli ou à Paris pour Alcione de Marin Marais, vous pourrez du moins écouter et regarder ces deux opéras sur Culturebox, où ils sont en replay pendant six mois :

http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/musique-classique/c-est-baroque/operas/christophe-rousset-dirige-la-calisto-de-francesco-cavalli-255489

http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/opera/alcione-par-jordi-savall-a-l-opera-comique-255291

Bonne écoute ! Bon spectacle !

                                                                                    La Calisto
Mariame Clément, Mise en scène
Julia Hansen, Décors et costumes
Marion Hewlett, Lumières

mercredi 17 mai 2017

La métamorphose de Narcisse

Il était une source claire et pure, aux eaux d’argent ;
Ni les bergers, ni les chèvres paissant sur les monts
Ne l’avaient souillée, ni d’autres troupeaux ; pas un oiseau,
Pas une bête ne l’avait troublée, pas un rameau                                                       
Tombé de l’arbre. Son eau nourrissait l’herbe sur ses bords,
La forêt empêchait le soleil d’attiédir l’endroit.
L’enfant, épuisé par la chasse et la chaleur, s’y vient
Abattre : il cède à l’attrait de l’endroit et de la source.
Tandis qu’il veut calmer sa soif, une autre soif le prend ;                                        
Tandis qu’il boit, il voit un beau reflet qui le ravit,
Qu’il aime — reflet sans consistance : il prend une ombre pour
Un corps. Il en est stupéfait, son visage se fige
Et, comme un marbre de Paros, il reste sans bouger.
Etendu là, il contemple deux astres — ses deux yeux —,                                       
Ses cheveux dignes de Bacchus et même d’Apollon,
Ses joues imberbes, son cou d’ivoire, la grâce de sa bouche,
Il contemple ce teint de neige qu’une rougeur colore,
Et tout ce qui en lui se peut admirer, il l’admire.
Sans le savoir, il se désire ; il plaît à qui lui plaît,                                                     
Qui recherche est recherché, qui enflamme est enflammé.
Que de baisers reçoit, pour rien, cette source trompeuse,
Que de fois il plonge ses bras dans l’eau pour tenter de
Se saisir du cou qu’il voit sans parvenir à s’atteindre.
Que voit-il ? Il ne le sait ; mais ce qu’il voit le consume,                                         
Et ce qui trompe ses regards est ce qui les embrase.
Pourquoi, naïf enfant, chercher en vain ce double qui
Te fuit ? Ce que tu veux n’est nulle part ; ce que tu aimes,
Tourne-toi, tu le perdras ; c’est une ombre que tu vois,
Un reflet sans consistance ; avec toi, il va, il reste ;                                                 
Repars, il repartira — si tu pouvais repartir.
Ni le besoin de manger, ni le besoin de dormir
Ne peut l’arracher de là ; allongé dans l’herbe épaisse,
Il regarde insatiablement une mensongère
Beauté ; ses propres yeux causent sa perte ; il se soulève                                        
Un peu et dit, tendant les bras aux forêts qui l’entourent :
« Quelqu’un a-t-il, forêts, plus durement souffert d’aimer ?
Vous le savez bien, abris opportuns de tant d’amants.
Vous qui vivez bien des siècles, avez-vous le souvenir,
En tout ce temps, de quelqu’un qui dépérit comme moi ?                                       
Etre charmé, voir qui me charme et ne pouvoir saisir
Qui je vois, qui me charme, tant mon amour est abusé...
Pour combler ma douleur, aucune immense mer ne nous
Sépare, aucun chemin, aucun sommet, aucun rempart
Bien clos ; juste un peu d’eau. Lui-même souhaite cette étreinte,                           
Car chaque fois que j’ai tendu mes lèvres vers l’eau claire,
Il a chaque fois essayé de rapprocher sa bouche.
Je croyais le toucher : l’obstacle entre nous est bien mince.
Qui que tu sois, viens ; pourquoi m’abuser, enfant unique ?
Où pars-tu quand je veux t’atteindre ? Ni mon air, ni mon âge                               
Ne te font fuir, c’est sûr : même les nymphes m’ont aimé.
Que ne me fait pas espérer ce visage amical ?
Quand je tends les bras vers toi, tu tends les tiens de toi-même ;
Quand je souris, tu souris. Souvent, je t’ai vu pleurer
Quand je pleurais ; d’un signe tu réponds à mes appels                                           
Et si je lis bien les mouvements de ta jolie bouche,
Tu me renvoies des mots, qui n’atteignent pas mes oreilles.
Je suis qui tu es ; je l’ai compris : mon reflet ne me
Trompe plus. C’est moi que j’aime, moi qui brûle et enflamme.
Que faire ? Attendre ? Entreprendre ? Et, désormais, qu’entreprendre ?                
Ce que je désire est en moi ; mon trésor me rend pauvre.
Si seulement je pouvais me séparer de mon corps.
Quel vœu pour un amant : que ce que j’aime soit loin de moi !
La douleur maintenant m’ôte mes forces ; je n’en ai plus
Pour très longtemps à vivre et je m’éteins en mon jeune âge.                                  
Mais mourir ne me pèse pas : j’y perdrai ma douleur ;
Celui que j’aime, j’aurais voulu qu’il vécût davantage.
Nos deux cœurs, en mourant, exhaleront un même souffle. »
Il se tut. Dans son délire, il revint voir ce visage ;
Ses larmes troublèrent les eaux : leur surface agitée                                                
Renvoya une image instable. La voyant disparaître :
« Où fuis-tu, s’écria-t-il ; reste, n’abandonne pas,
Cruel, celui qui t’aime. Ce que je ne peux pas toucher,
Que je puisse le voir et nourrir ma pauvre folie. »
Tout en se plaignant, il arracha son vêtement par                                                    
Le haut et frappa sa poitrine nue de ses mains blanches.
Sa poitrine frappée prit une carnation de rose,
Comme le font les fruits, qui sont blancs d’un côté, rouges
De l’autre ; comme fait le raisin avant qu’il ne soit mûr :
Ses grappes aux grains verts prennent la couleur de la pourpre.                              
Quand l’eau fut redevenue lisse, il ne supporta pas
Davantage ce qu’il y vit : tout comme un feu léger
Fait fondre la cire dorée, comme un tiède soleil
Le givre matinal, ainsi, consumé par l’amour,
Il dépérit et brûle peu à peu d’un feu secret.                                                           
Cette blancheur, mêlée de vermillon, a disparu,
Ces forces, cette vigueur, tout ce qui plaisait naguère ;
Ce corps n’est plus le corps qu’avait jadis aimé Echo.
Quand celle-ci le vit, malgré tout son ressentiment,
Elle eut de la peine, et chaque fois que le pauvre enfant                                         
Disait « Hélas ! », elle lui répondait par un « Hélas ! »,
Et lorsque celui-ci se frappait les bras de ses mains,
Elle aussi renvoyait un bruit semblable au bruit des coups.
Les yeux fixés, comme toujours, sur l’eau, il prononça
Ses derniers mots : « Hélas ! enfant, je t’ai aimé en vain. »                                     
Le lieu les renvoie tous. Il dit « Adieu ». « Adieu », répète
Echo. Sa tête épuisée s’abat sur le vert gazon.
La mort ferma ses yeux, qui admiraient la beauté de
Leur maître. Et même une fois qu’il fut entré aux Enfers,
Il se mirait dans l’eau du Styx. Les naïades, ses sœurs,                                           
Le pleurèrent et offrirent leur chevelure à leur frère.
Les dryades le pleurèrent ; Echo redoubla leurs pleurs.
On préparait déjà torches, bûcher et lit funèbre ;
Mais le corps avait disparu. A sa place, on trouva
Une fleur au cœur safran entourée de blancs pétales.
D'après Ovide, Métamorphoses, III, 407-510


mardi 16 mai 2017

La nymphe Echo...

Puisqu'il était question dans ma dernière publication de La source des images, remontons à la source de notre connaissance de Narcisse : les vers qu'Ovide lui consacre au livre III des Métamorphoses.
Mais chez Ovide, l'épisode commence par l'histoire d'Echo, la nymphe bavarde - l'écho étant aux sons de ce que le reflet est aux images.

Tirésias, qui rendait pour tous d’infaillibles oracles,
Avait un très grand renom dans les villes d’Aonie.                                                 
Liriopé aux cheveux d’azur éprouva la première
Qu’on pouvait se fier à lui. Le Céphise, jadis,
L’enveloppa dans sa courbe et, prisonnière des flots,
Il la viola. Belle comme elle était, elle porta
Et mit au monde un enfant digne d’être aimé des nymphes                                          
A sa naissance, et le nomma Narcisse. Interrogé
Pour savoir s’il atteindrait une vieillesse avancée,
Tirésias rendit cet arrêt : « S’il ne se connaît pas ».
On crut longtemps que l’oracle était vain ; le dénouement,
Les faits, cette mort, ce délire étrange le démentirent.                                            
A ses quinze ans, le fils du Céphise avait ajouté
Une année : on pouvait le dire enfant comme jeune homme.
Bien des jeunes gens, bien des jeunes filles le désirèrent ;
Ni les jeunes gens, ni les jeunes filles ne le touchèrent,
Tant était dur l’orgueil que cachait sa tendre beauté.                                              
Comme il chassait vers ses filets des cerfs tremblants, la nymphe
A la voix sonore — Echo — le vit, elle qui ne sait
Ni s’abstenir de répondre, ni parler avant les autres.
Echo, qui n’est plus qu’une voix, avait encore un corps,
Mais la bavarde parlait comme elle fait aujourd’hui :                                              
En ne renvoyant que les derniers des mots prononcés.
C’est l’œuvre de Junon : quand celle-ci pouvait surprendre
Les nymphes dans les montagnes couchées avec Jupiter,
Echo la retenait longtemps par d’habiles discours,
Laissant le temps de fuir aux nymphes ; Junon s’en aperçut :                                 
« Celle langue qui m’a trompée ne te servira plus
Beaucoup et tu ne prendras plus pour longtemps la parole. »
La menace est suivie d’effet : Echo reprend la fin
De ce qui s’est dit, rapporte ce qu’elle a entendu.
Voyant donc Narcisse aller par des campagnes perdues,                                         
Elle suit ses pas à la dérobée, brûlant d’amour.
Plus elle le suit, plus elle se rapproche et se brûle
A cette flamme : ainsi le soufre vif dont on enduit
L’extrémité des torches prend feu à l’approche des flammes.
Que de fois elle veut l’aborder avec des mots doux,                                                        
Faire de tendres prières ; sa nature s’y oppose,
Lui défend de commencer ; mais il n’est pas défendu
De guetter des sons auxquels répondre : elle s’y tient prête.
L’enfant se retrouva loin de ses compagnons fidèles ;
« Il y a quelqu’un ? », demande-t-il. « Quelqu’un », répond Echo.                         
Stupéfait, il jette des regards de tous les côtés
Et s’écrie « Viens ! » à pleine voix ; elle le lui renvoie.
Il se retourne et ne voit rien venir. « Pourquoi, dit-il,
Me fuis-tu ? » Il lui revient mot pour mot ce qu’il a dit.
Il insiste, abusé par ce faux semblant de réponse.                                                    
« Rejoignons-nous ici. » Jamais Echo ne renvoya
Un son plus volontiers : « Joignons-nous ici », répond-elle.
Et, passant du mot à l’acte, elle sort de la forêt
Pour aller enlacer ce cou, objet de son désir.
En fuyant, il lui dit : « Enlève tes mains ; pas d’étreinte.                                        
Je serai mort avant que tu ne disposes de moi. »
Elle ne lui répond que ces mots : « Dispose de moi. »
Honteuse d’être dédaignée, elle se cache au fond
Des bois, sous les feuillages, vit dans les antres solitaires.
Mais la douleur du refus accroît son amour tenace ;                                                
Son souci la tient éveillée, mine son pauvre corps,
La maigreur ride sa peau et sa substance s’en va
Dans les airs. Seuls subsistent sa voix et ses os. Sa voix
Reste inchangée, ses os, dit-on, se transforment en pierre.
Depuis, elle se cache au fond des bois, n’apparaît pas                                             
Sur les montagnes ; chacun l’entend : il survit d’elle un son.
Ainsi se joua-t-il de la nymphe et d’autres encore,
Nées de l’eau, des montagnes, et de bien des garçons aussi.
Un qu’il avait éconduit lève donc les bras au ciel :
« Qu’il aime comme nous, et que ce qu’il aime le fuie. »                                         
Il se tut. Némésis exauça ses justes prières.
D'après Ovide, Métamorphoses, III, 339-406


lundi 15 mai 2017

Un vieil ami d'Ovide

Le compositeur Patrick Burgan est un vieil ami d'Ovide... Déjà, en 1999, il créait un conte lyrique  inspiré de Narcisse, La source des images  ou Narcisse exaucé : "Narcisse voit son reflet tant désiré se multiplier et dévoiler sous ses yeux les diverses facettes de son être, des plus fades aux plus excentriques. Anéanti par ce tourbillon, il se tait ; toutes ses images s’unissent alors et recomposent son personnage perdu."
En voici deux extraits :

Première image :

Sixième image et final :

Et voici la version intégrale :

Texte de Marc Blanchet
Mise en scène : Pierre Barrat
Décors : Nicolas Sire
Richard Brunel (Narcisse)
Ensemble Musicatreize sous la direction de Roland Hayrabedian
Conte lyrique pour un acteur, douze chanteurs et huit instrument.

Si vous souhaitez découvrir ou retrouver la musique de Patrick Burgan, et si vous habitez dans la région toulousaine, je vous invite à vous rendre jeudi prochain 18 mai à l'église de Blagnac pour y écouter en création mondiale Via Lucis, motet spirituel pour treize voix et viole de gambe. Il s'agit d'une commande du choeur de chambre Les Eléments, dirigé par Joël Suhubiette. Pour davantage d'information : 

Et pour mieux connaître l'oeuvre de Patrick Burgan :

Bonne écoute ! 




vendredi 12 mai 2017

Acis and Galatea

L'émission de France Musique "La tribune des critiques de disques" sera consacrée dimanche prochain à l'opéra de Georg Friedrich Haendel Acis and Galatea. Les invités de Jérémie Rousseau - Chantal Cazaux, Emmanuel Dupuy et Piotr Kaminski - auront à répondre à la question : "Quelle est la meilleure version d'Acis and Galatea de Georg Friedrich Haendel ?"
Rendez-vous est pris le 14 mai de 16h à 18h.