samedi 26 janvier 2019

J+4

La fête est donc finie !...
Mais quelle fête !...
Imaginez une vingtaine de lecteurs, une trentaine de musiciens qui se succèdent pendant deux heures sur la scène de l'auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, à Toulouse...


Sur un grand écran, des images prises à Constantza en 2017 par le collectif Vertige défilent pendant les changements de plateau et s'immobilisent pendant les lectures et les morceaux musicaux...


Si vous regardez bien, vous verrez trois musiciens interpréter à la clarinette, au cor et au piano le deuxième mouvement du trio de George Rochberg...


Mais voici que les improvisateurs se mettent à jouer pendant la lecture de l'élégie I, 9 :
"Tant que tout ira bien, tu compteras beaucoup d'amis ;
          Si le temps vient à se gâter, tu seras seul..."


Un peu de latin, maintenant...
"Hic ego qui jaceo, tenerorum lusor amorum..."


Puis le 2e mouvement de Madrigal Sonata de Bohuslav Martinu pour violon, flûte et piano...


 A peine le violoniste a-t-il fini d'interpréter deux Airs roumains de George Enesco que les lectrices prennent place... Musique des instruments, musique des mots...


Puis vient le tour de Légende, du même Enesco, pour piano et trompette...
Après quoi s'enchaîneront, se répondront, se complèteront paroles et musique, langue française, latin, langues du reste du monde - ah ! les vers d'Ovide lus en vietnamien, en arabe, en créole et... en roumain !...


Que retenir de cette belle soirée ?
Que la singularité de chacun s'était à la fois manifestée dans ce qu'elle a de plus particulier - une langue, une culture, un parcours de vie... - et sublimée dans le partage d'un texte lui-même singulier et universel...
Promis, si l'occasion s'en présente, nous recommencerons...



















samedi 19 janvier 2019

J-3

Effectivement, chers amis d'Ovide, nous sommes à J-3...
Mais au fait, à J-3 de quoi ?...
Du concert-lecture qui aura lieu mardi prochain, 22 janvier, à 20h, à Toulouse, à l'auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines.
De la musique, donc, interprétée par des élèves du conservatoire à rayonnement régional de Toulouse... Celle de G. Enesco, G. Ligeti, C. Porumbescu, B. Bartok, compositeurs roumains ou influencés par les sonorités roumaines. Mais aussi de B. Martinu et de F. Schubert. Vous aurez donc compris que le double fil conducteur de la soirée serait l'exil et la Roumanie...
La Roumanie de l'époque moderne, qu'a photographiée le collectif Vertige lors de son séjour à Constanţa en avril 2017...

                                                                                                                              © Joël Arpaillange

Mais aussi celle d'Ovide... Car nous écouterons des extraits des Tristesses, son premier recueil de lettres d'exil. Ils seront lus par des élèves des classes préparatoires aux grandes écoles littéraires et des élèves primo-arrivants du lycée Saint-Sernin. Ceux-ci n'apprennent donc la langue de Molière que depuis qu'ils sont scolarisés en France, depuis le mois de septembre dernier. Jusqu'alors, ils n'avaient parlé que leur langue maternelle : le roumain, le créole, l'italien, l'anglais, le twi, le bengali, le hindi, le géorgien, le kabyle, le turc, le vietnamien, l'arabe, l'espagnol, le catalan, l'ewe ! Mardi, ils liront Ovide en français et dans leur langue maternelle... Et quand ils nous diront, en français puis en hindi, en arabe ou en géorgien "Le barbare, ici, c'est moi..." (Tristesses, V, 10, 37), ce que disait Ovide au milieu des Gètes, nous serons un peu perdus... Qui sont les civilisés ? Qui sont les barbares ? Tout civilisé n'a-t-il pas son barbare ? Tout barbare n'a-t-il pas sa civilisation ?... Telles-sont les questions que nous pourrons nous poser, ou plutôt que nous posera, je l'espère, ce concert-lecture, sans nous demander de répondre autrement qu'en reprenant comme en refrain "Le barbare, ici, c'est moi...". Qu'en proclamant haut et fort que ce qui nous préserve le plus efficacement de la barbarie, c'est le partage de la culture, c'est la reconnaissance par chacun de l'humanité qui est en l'autre.
A tout cela s'ajouteront des compositions d'élèves de la classe de musique électro-acoustique, des improvisations musicales et, tout de même, un peu de latin...
L'entrée est libre ; j'espère vous y retrouver nombreux...