mardi 21 novembre 2017

Incroyable exposition (I)

     Voici quelques témoignages d'une incroyable exposition de Damien Hirst, exposition qui, elle-même, nous donne à voir, à la Punta della Dogana et au Palazzo Grassi de Venise, jusqu'au 3-XII-2017, les témoignages du naufrage de l'Incroyable. De quoi s'agit-il ?...

     En 2008, le vaste site d'un naufrage a été découvert au large des côtes de l'Afrique de l'Est, accréditant la légende de Cif Amotan II, un esclave affranchi d'Antioche (au nord-ouest de la Turquie) qui vécut du milieu du premier siècle au début du deuxième siècle de l'Ere Commune.
     Dans l'Empire romain, les esclaves affranchis pouvaient trouver de grandes possibilités d'enrichissement et d'ascension sociale en s'impliquant dans les affaires financières de leurs anciens maîtres et patrons. L'histoire d'Amotan (parfois nommé Aulus Calidius Amotan) raconte que l'esclave cupide accumula, en acquérant sa liberté, une immense fortune qui lui permit de construire une collection d'artefacts provenant des quatre coins de l'ancien monde. Les cent trésors légendaires de l'affranchi - commandes, copies, faux, achats, pillages - furent réunis à bord d'un navire colossal, l'Apistos ("incroyable" en koinè grecque), qui était destiné à un temple construit par le collectionneur. Mais le navire fit naufrage, reléguant son trésor au domaine du mythe et donnant naissance à une myriade d'interprétations de cette histoire faite d'ambition et d'avarice, de splendeur et d'hubris.
     La collection resta immergée dans les profondeurs de l'océan Indien pendant environ deux mille ans avant que le site ne soit découvert en 2008, près des anciens ports commerciaux de l'Azanie (côte sud-est de l'Afrique). Près d'une décennie après le début des fouilles, cette exposition rassemble les oeuvres retrouvées lors de cette extraordinaire découverte.
     De nombreuses sculptures, largement incrustées de coraux et autres espèces marines, sont exposées avant restauration, au point de rendre leurs formes méconnaissables. Des copies contemporaines des artefacts, réalisées pour l'exposition d'après les formes originales supposées des oeuvres, sont également présentées.

                                        

Punta della Dogana


     Cette paire de sculptures s'inscrit dans une tradition ancienne - particulièrement développée au Proche-Orient - qui consiste à présenter des figures divines ou semi-divines maîtrisant des monstres prédateurs. Les entrées des temples hittites dédiés à la déesse Ishtar (vers le deuxième millénaire AEC) présentaient souvent des femmes apprivoisant des créatures fantastiques. La symétrie de la composition suggère qu'elles étaient destinées à être des gardiennes de l'entrée d'un temple.


     Largement répliquée depuis l'Antiquité, cette série de bustes en marbre rose témoigne de la prédilection ds Anciens pour les formes artistiques marquées par la sérialité, une tendance qui s'oppose au respect excessif des contemporains pour les originaux. (...)
     Les formes sont caractérisées par des tailles fines, des hanches amples, de petits seins hauts et des dos étroits et cambrés. Au début du XXe siècle, les surréalistes s'intéressent à des copies de ces nus. Ils exposent une série de nus en 1936 à Londres lors de l'"International Surrealist Exhibition". Très appréciés pour le traitement minimaliste du corps de la femme et leur ressemblance avec des mannequins, ces bustes sculptés, objets érotisés préexistants, illustrent parfaitement l'intérêt des surréalistes pour le caractère autoréférentiel du geste artistique...

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