jeudi 30 janvier 2020

Arianna

Le label 'Alpha' nous propose une triple version de la fable d'Ariane, enregistrée par la mezzo-soprano américaine Kate Lindsey. Elle est accompagnée par l'ensemble Arcangelo, dirigé par Jonathan Cohen.


Sont ici réunies trois partitions : Ebra d’amor fuggia, d'Alessandro Scarlatti, Ah! crudel, nel planto moi de Georg Friedrich Haendel, toutes deux datées de 1707, et la cantate Arianna a Naxos de Joseph Haydn (1789).
Bonne écoute !...

Mais, au fait, quelle est la version qu'Ovide proposait de cette fable ?
La voici, telle qu'elle peut se lire dans les Fastes (III, 459-516).
Bonne lecture !...


            La nuit suivante , on voit la couronne de la Crétoise  :
                        Le crime de Thésée fit d’elle une déesse.
            Elle avait remplacé par Bacchus son époux parjure
                        — L’ingrat qui reçut d’elle un fil à enrouler.
            Heureuse de son sort, « Que j’étais sotte de pleurer,
                        Dit-elle ; sa trahison a bien tourné pour moi.  »
            Pendant ce temps Liber, qui avait vaincu les Indiens
                        Aux cheveux lisses, rentrait riche d’Orient.
            Parmi de jeunes prisonnières à la belle allure,
                        Une princesse était plus que chère à Bacchus.
            Son épouse aimante pleurait ; le long du creux rivage,
                        Elle allait échevelée, en disant ces mots :
            « Pour la deuxième fois, flots, écoutez ces mêmes plaintes !
                        Pour la deuxième fois, sable, absorbe mes larmes !
            Je disais, il m’en souvient : “ Traître, parjure Thésée ! ”
                        Il s’éloigne et Bacchus commet le même crime.
            Encore aujourd’hui je crie : “ Femme, défie-toi des hommes ! ”
                        Si les noms ont changé, l’affaire est bien la même.
            Ah ! si ma destinée avait pu s’accomplir dès la
                        Première fois ; si aujourd’hui je n’étais plus...
            J’allais mourir sur le sable désert ; pourquoi, Liber,
                        Me sauvas-tu ? Mes maux auraient pris fin d’un coup.
            Léger Bacchus ! Plus léger que ce feuillage à tes tempes !
                        Toi que je n’ai connu que pour verser des larmes,
            Tu as osé conduire sous mes yeux ta concubine
                        Et mettre en péril un mariage si heureux ?
            Ta parole, tes serments renouvelés, où sont-ils ?
                        Hélas ! Combien de fois redirai-je ces mots ?
            Tu accusais Thésée ; toi-même le disais perfide.
                        Ce jugement rend ta trahison plus honteuse.
             Gardons tout cela pour nous et brûlons d’un mal secret,
                        Qu’on ne croie pas tant de trahisons méritées.
            Je souhaiterais avant tout que Thésée n’en sache rien,
                        Ne puisse savourer de t’avoir pour complice.
            La blanche concubine a donc évincé la noiraude
                        Que je suis : son teint, je le souhaite à mes rivales !
            Mais qu’importe ? C’est ce défaut qui te la rend plus chère !
                        Que fais-tu ? Elle te salit quand tu l’embrasses.
            Sois fidèle, Bacchus, et n’en préfère aucune à mon
                        Amour d’épouse. Toujours j’aimerai mon mari.
            Les cornes d’un beau taureau ont ravi ma mère ; moi,
                        Les tiennes : à moi l’éloge, à elle l’infamie.
            Mon amour ne doit pas me nuire plus que ne t’a nui,
                        Bacchus, l’aveu que tu nous a fait de ta flamme.
            Quoi d’étonnant si tu m’embrases ? Tu naquis dans le feu,
                        Dit-on, fus arraché au feu par la main de
            Ton père. C’est à moi que, souvent, tu promettais le ciel.
                        Hélas ! En fait de ciel, quels dons ai-je reçus ! »
            Elle s’était tue ; depuis longtemps, Liber l’écoutait
                        Se plaindre — il était derrière elle et la suivait.
            Il la prend dans ses bras, sèche ses pleurs sous ses baisers
                        Puis dit : « Gagnons ensemble les hauteurs du ciel !
            Tu t’es unie à moi ; ton nom sera uni au mien
                        Car, métamorphosée, tu seras Libéra.
            Et je ferai en sorte que tu aies un souvenir
                        De la couronne offerte à Vénus par Vulcain,
            Par elle à toi ». Il tient parole et, des neuf gemmes, fait
                        Neuf astres, feux dont brille la Couronne d’or.

mercredi 15 janvier 2020

Enigme à Montréal...

Voici ce que je découvre en cherchant combien de personnes ont été sur le blog des Amis d'Ovide le lundi 13...

Quarante-deux utilisateurs, ce qui n'est pas si mal...
Mais le plus étonnant n'est pas le nombre, c'est la provenance : sur les quarante-deux, vingt-neuf se sont connectées depuis Montréal !... Oui, depuis le Canada !... Depuis le Québec !
Bienvenue à vous, amis de la Belle Province !... J'espère que Borée ne souffle pas trop fort, que Jupiter ne fait pas tomber trop dru la neige et que vos voisins les Hyperboréens ne vous envoient pas un froid trop glacial...
Mais au fait... Froid, neige et vent n'incitent-ils pas à rester chez soi et surfer sur le net pour tomber - qui sait ? - sur le blog des Amis d'Ovide ?...
Oui, la raison de ce pic de fréquentation québécois est peut-être là : une tempête de neige sur Montréal...

PS : Juste pour se faire plaisir, un petit (re)tour avec Robert Charlebois...
https://www.youtube.com/watch?v=g4NXUo8qipM 

lundi 13 janvier 2020

Narcisse !...

L'année ne commencerait pas trop mal si l'on s'en tenait aux découvertes archéologiques... Celle, par exemple, d'une splendide fresque sur les murs de Pompéi représentant Narcisse...
Merci à Marie, une amie d'Ovide, d'avoir publié l'information sur Facebook... 

                                                       


Le motif mythologique de Narcisse se mirant dans l'eau était couramment utilisé dans la décoration des demeures de Pompéi. Parc archéologique de Pompéi


À Pompéi, découverte d'une exceptionnelle fresque représentant le mythe de Narcisse

Par Benjamin Puech

ARCHÉOLOGIE - La peinture murale, au trait précis et aux couleurs chatoyantes, se trouvait dans l'atrium d'une demeure réputée pour la richesse de sa décoration et son état de préservation. En novembre dernier, une autre illustrant la scène d'amour entre Léda et le cygne y avait été dévoilée.
Le motif mythologique de Narcisse se mirant dans l'eau était couramment utilisé dans la décoration des demeures de Pompéi.
Le motif mythologique de Narcisse se mirant dans l'eau était couramment utilisé dans la décoration des demeures de Pompéi. Parc archéologique de Pompéi
On finirait presque par s'habituer. La direction du site archéologique de Pompéi a annoncé la découverte d'un nouveau trésor. En novembre dernier, une fresque représentant le mythe de Leda et du cygne avait été trouvée dans une grande demeure de la cité antique. Les archéologues viennent de mettre à jour dans cette même maison une peinture murale représentant Narcisse se mirant dans l'eau. «Les découvertes exceptionnelles continuent», s'est enthousiasmé Massimo Osanna, directeur du parc archéologique de la cité antique, ensevelie dans l'éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C.
La représentation de Narcisse se situe sur les murs de l'atrium, pièce principale des lieux, derrière la chambre décorée par la fresque de Léda et le cygne. L'état de sa conservation force l'admiration. «Toute la chambre est pénétrée par une impression de joie de vivre, de beauté et de vanité, qui est soulignée par des figures de bacchantes [les femmes accompagnant le dieu Bacchus] et des satyres». L'ensemble des murs est peint avec de belles couleurs, rouge ou ocre.
Avachi, les jambes couvertes d'un vêtement rouge foncé, Narcisse regarde la rivière coulant à ses pieds. Sa représentation est fidèle à l'iconographie classique de l'époque. Dans d'autres lieux de la cité, des fresques représentant Narcisse ont été trouvées mais celle-ci semble les dépasser par la précision du trait et la beauté des couleurs. À côté du personnage principal, se tiennent un chien et une autre figure masculine, qui pourrait être Cupidon, divinité de l'amour.
Dans la mythologie antique, le jeune chasseur Narcisse, après avoir éconduit la nymphe Écho, subit le châtiment de Rhamnusie, déesse de la vengeance. Un jour qu'il se promène en forêt, il s'abaisse pour boire de l'eau, pris d'une soudaine soif. Il ne parvient plus à se relever, tombé amoureux fou de son propre visage. Un amour impossible à assouvir qui le force à l'immobilité.

Une demeure luxueuse et érotique

«La décoration est intentionnellement luxueuse et date probablement des dernières années de la cité, comme le laisse penser l'extraordinaire conservation des couleurs», analyse l'archéologue Massimo Osana. Témoins de la vie quotidienne, huit amphores, une douzaine de verres, un entonnoir et une situle, petit récipient pour liquide, tous les deux en bronze, jonchaient un sous-sol situé sous l'atrium.
Massimo Osana élaborait, après la découverte de la fresque de Léda, l'hypothèse que le propriétaire de l'opulente maison pourrait être «un riche marchand, peut-être même un esclave affranchi, devenu soucieux d'élever son statut social en s'entourant de représentations des plus légendaires récits de la mythologie».
Dans la même demeure avait été trouvée une représentation de Priape en pleine érection, comme l'est souvent représenté le dieu de la vigueur et de la fertilité. Situé de manière à ce que le visiteur soit forcé de voir Priape avant de rentrer dans la petite chambre à coucher décorée de la fresque de Léda.
Les travaux sur ce site de la Via del Vesuvio, l'une des artères principales de la ville, se poursuivront afin de permettre une présentation de ses trésors au public. Depuis novembre 2018, la ville fait l'objet d'une vaste campagne de fouilles inédites, après des années d'abandon de ce joyau de l'antiquité romaine.

https://www.lefigaro.fr/culture/2019/02/15/03004-20190215ARTFIG00115--pompei-decouverte-d-une-exceptionnelle-fresque-representant-le-mythe-de-narcisse.php

vendredi 3 janvier 2020

Bonne année !...

Je vous souhaite, chères et chers amis d'Ovide une



Qu'Apollon nous éclaire...

Que Mars nous épargne...

Que Jupiter nous préserve...

Que Vénus nous accompagne...

Que Fortune nous favorise...

Que Santé nous assiste...

Et, si ce n'est pas trop demander, que chacun aille en joie...

Bien amicalement,
Jean-Luc