vendredi 30 juin 2017

De retour de Puysségur...

Les photographes de VERTIGE ont donc inauguré leur exposition [EtranGisme] à Puysségur (31480), exposition qui est visible jusqu'au 8 octobre.
En voici un petit aperçu, quelques photographies qui, selon moi, ne dépareraient pas dans une exposition sur les Métamorphoses.
Qui se serait attendu à trouver en forêt... des méduses ?


 A moins qu'il ne s'agisse de sirènes...


Je vois ici une métamorphose oubliée d'Ovide, mais qu'il n'aurait pas manqué de relater s'il avait parcouru, Afrique, tes vastes étendues...


 Redoutez les mauvaises rencontres de ce genre...


Ou fuyez à tire d'aile...


 Horreur ! Voici les filles de Minyas après leur transformation en chauves-souris. Heureusement pour nous, ces cousines indonésiennes des Minyades ne sont plus en état de nuire...


Merci et bravo à vous, amis de VERTIGE ! Et à l'année prochaine pour découvrir ce que vous avez rapporté de Constanţa...

mardi 27 juin 2017

Les Métamorphoses d'Ovide en pleine nature




Une amie d’Ovide, Sandrine Navarro, professeur de tango à Paris (http://www.sandrinenavarro.com/), m’apprend qu’un stage de théâtre est organisé sur « Les Métamorphoses d’Ovide en pleine nature » par Coco Felgeirolles. Il aura lieu du 3 au 7 juillet et du 10 au 14 juillet à Pontempeyrat (43500 Craponne-sur-Arzon).
Dépêchez-vous d’appeler le 0624013802. Il reste peut-être quelques places…



jeudi 22 juin 2017

Ovide au Frigo...

Ceux qui seront à Albi ce samedi 24 juin pourront assister à un spectacle musical très original de Dominique Collignon (saxophone alto et voix) et Frédéric Stochl (contrebasse). Il s'intitule Les Quatre Âges, est inspiré de la version qu'Ovide donne du mythe des quatre âges et - connaissez votre chance -, aura lieu au Frigo...
Plus de précisions en suivant le lien :
http://mailchi.mp/1e6608fe085f/spectacle-les-quatre-ges-dovide-2406?e=c9baf42e97


Merci à Rémy Dutriaux, un ami d 'Ovide, de m'avoir communiqué l'information.

jeudi 15 juin 2017

La tragédie de Myrrha (IV)



Myrrha récidive la nuit d’après et les suivantes.
Cinyras, enfin, après tant d’étreintes, veut savoir
Qui l’aime. A la lumière d’un flambeau, il voit son crime,
Et il voit son enfant. Muet de douleur, il dégaine
Une éclatante épée, qui pendait là, de son fourreau.
Myrrha s’enfuit. A la faveur d’une nuit ténébreuse,
Elle échappe à la mort. Longtemps elle erre à travers champs
Puis elle quitte l’Arabie riche en palmiers, le sol
De Panchaïe. Son errance dura neuf lunaisons ;
Elle se reposa enfin au pays de Saba,
Epuisée, peinant à porter son ventre lourd. Alors,
Ne sachant que souhaiter, craignant la mort, dégoûtée de
La vie, elle pria : « Dieux ! – si l’un de vous entend mes
Aveux – j’ai mérité un châtiment terrible, j’en
Conviens. Mais je ne veux souiller ni les morts en mourant,
Ni les vivants en survivant : chassez-moi donc des deux
Royaumes ; ne m’accordez ni vie ni mort : transformez-moi. »
L’un d’eux entendit ses aveux. Ses vœux furent comblés,
Du moins les derniers, par les dieux. Tandis qu’elle parlait,
La terre a recouvert ses jambes ; des racines fourchues
Cassent ses ongles en poussant ; de là, un tronc s’élance.
Ses os deviennent bois, au cœur duquel reste la moelle ;
Son sang se fait sève, ses bras branchages et ses doigts
Petits rameaux ; sa peau durcit, se transforme en écorce.
Déjà l’arbre, en croissant, appuyait sur son ventre lourd,
Ecrasait sa poitrine et allait recouvrir son cou.
N’en pouvant plus d’attendre, elle s’affaisse à la rencontre
Du bois qui monte, et plonge son visage dans l’écorce.
Bien qu’elle perde, avec son corps, sa sensibilité,
Elle pleure pourtant : l’arbre répand de tièdes gouttes.
On tient en honneur ces larmes. La myrrhe suintant du bois
Tire d’elle son nom, qui traversera tous les siècles.
L’enfant incestueux s’était développé dans l’arbre
Et cherchait une voie par où s’extirper et quitter
Sa mère. Au cœur du bois, le ventre pesant est gonflé,
Est tendu par sa charge. Mais comment dire les douleurs
De l’enfantement, de quelle voix invoquer Lucine ?
L’arbre, pourtant, semble forcer, se courbe, pousse des
Gémissements fréquents, se mouille des larmes qu’il verse.
La douce Lucine, debout près des rameaux plaintifs,
Tend les mains en prononçant les mots de la délivrance.
L’écorce se fissure et, par la fente, l’arbre rend
Son vivant fardeau. L’enfant vagit ; il est déposé
Dans l’herbe tendre et parfumé des larmes de sa mère
Par les Naïades. Même l’Envie trouverait qu’il est beau :
Il ressemble aux Amours qu’on représente nus sur les
Tableaux, à un ornement près : il faudrait enlever
A ceux-ci leur léger carquois, ou lui en donner un.

D'après Ovide, Métamorphoses, X, 471-518.


© Jean-Luc Ramond

mardi 13 juin 2017

La tragédie de Myrrha (III)


Les pieuses mères célébraient les fêtes de Cérès ;
Chaque année, vêtues de blanc, elles offrent les prémices
De leur récolte –  des tresses d’épis –, et, de neuf nuits,
Elles s’interdisent tout rapport, tout contact avec
Un homme. Cenchréis, l’épouse du roi, est l’une d’elles,
Et, en leur compagnie, elle prend part aux saints mystères.
Le lit nuptial n’accueillait plus l’épouse légitime
Et le roi avait bu. La trop zélée nourrice lui
Apprend qu’on l’aime –  et c’était vrai – mais lui donne un faux nom,
Puis loue la beauté de la jeune fille. « Quel âge a-t-elle ?
– Comme Myrrha. » Le roi la fait quérir à la nourrice
Qui, de retour à la maison s’écrie : « Réjouis-toi,
Mon enfant ! Nous triomphons ! » Un triste pressentiment
Interdit à Myrrha d’être tout à sa joie ; pourtant,
Elle est contente, aussi, tant son esprit est partagé.
A l’heure où tout se tait, le Bouvier, entre les Trions,
Avait, par le timon, infléchi le cours du Chariot.
Myrrha s’avance vers son crime. La lune d’or s’enfuit
Du ciel, de noirs nuages offrent une cache aux astres.
La nuit n’a plus ses feux : Icarius se voile la face,
Suivi d’Erigoné, sacrée pour son amour filial.
Par trois fois elle trébuche, triple appel à rentrer,
Et le hibou funèbre ulule, lugubre présage.
Elle avance, et la nuit ténébreuse atténue sa honte.
Tenant d’une main sa nourrice, elle cherche de l’autre,
A tâtons, son chemin dans le noir. Voilà le seuil de
La chambre, et la porte, qu’elle ouvre, et la voilà conduite
A l’intérieur. Genoux tremblants, jambes fléchies, livide,
Exsangue, elle sent son courage, à chaque pas, faiblir.
Plus elle est proche de son crime et plus il l’horrifie.
Elle regrette son audace et voudrait repartir
Sans être reconnue. La vieille l’entraîne, hésitante,
La fait monter au lit et la remet à Cinyras
— « Prends-la, elle est à toi » —, réunissant leurs corps maudits.
Il prend dans son lit profané le fruit de ses entrailles.
La vierge a peur ; il dissipe ses craintes, il l’encourage.
Peut-être même lui dit-il « ma fille », vu leur âge,
Lui dit-elle « mon père », ajoutant les mots à la chose.
Elle sort du lit paternel enceinte, avec, dans son
Ventre maudit, le fruit criminel de son sacrilège.

D'après Ovide, Métamorphoses, X, 431-470.