mercredi 8 mars 2017

8 mars : lever de la Couronne boréale et Journée internationale des Femmes

Pour Ovide, le 8 mars est la date du lever de la Couronne boréale, constellation visible dans le ciel de l'hémisphère nord. C'est pour nous la date de la Journée internationale des Femmes. Est-ce que ça tombe bien ? A vous de juger en lisant la fable d'Ariane et Bacchus, telle qu'Ovide la raconte.

La nuit suivante, on voit la couronne de la Crétoise :
            Le crime de Thésée fit d’elle une déesse.
Elle avait remplacé par Bacchus son époux parjure
            – L’ingrat qui reçut d’elle un fil à enrouler.
Heureuse de son sort, « Que j’étais sotte de pleurer,
            Dit-elle ; sa trahison a bien tourné pour moi ».
Pendant ce temps Liber, qui avait vaincu les Indiens
            Aux cheveux lisses, rentrait riche d’Orient.
Parmi de jeunes prisonnières à la belle allure,
            Une princesse était plus que chère à Bacchus.
Son épouse aimante pleurait ; le long du creux rivage,
            Elle allait en disant ces mots, échevelée :
« Pour la deuxième fois, flots, écoutez ces mêmes plaintes !
            Pour la deuxième fois, sable, absorbe mes larmes !
Je disais, il m’en souvient : “ Traître, parjure Thésée ! ”
            Il s’éloigne et Bacchus commet le même crime.
Je crierai encore aujourd’hui : “ Femme, défie-toi des hommes ! ”
            Si le traître a changé, la traîtrise est la même.
Ah ! si ma destinée avait alors pu s’accomplir,
            Si je pouvais en  cet instant n’être plus là…
J’allais mourir sur le sable désert ; pourquoi, Liber,
            Me sauvas-tu ? Mes maux auraient pris fin d’un coup.
Léger Bacchus ! Plus léger que ce feuillage à tes tempes !
            Toi que je n’ai connu que pour verser des larmes,
Tu as osé conduire sous mes yeux ta concubine,
            Mettre en péril un mariage si harmonieux ?
Ta parole, tes serments renouvelés, où sont-ils ?
            Hélas ! Combien de fois redirai-je ces mots ?
Tu accusais Thésée ; toi-même le disais perfide.
            Ce jugement rend ta trahison plus honteuse.
Gardons tout cela pour nous et brûlons d’un mal secret :
            Tant d’abandons pourraient passer pour mérités.
Je souhaiterais avant tout que Thésée n’en sache rien,
            Ne puisse savourer de t’avoir pour complice.
La blanche concubine aurait donc chassé la noiraude
            Que je suis ? Son teint, je le souhaite à mes rivales !
Mais qu’importe ? C’est ce défaut qui te la rend plus chère !
            Que fais-tu ? Elle te salit quand tu l’embrasses.
Sois fidèle, Bacchus, et n’en préfère aucune à mon
            Amour d’épouse. Toujours j’aimerai mon mari.
Les cornes d’un beau taureau ont séduit ma mère ; moi,
            Les tiennes : à moi l’éloge, à elle l’infamie.
Mon amour ne doit pas me nuire plus que ne t’a nui,
            Bacchus, l’aveu que tu nous as fait de ta flamme.
Quoi d’étonnant si tu m’embrases ? Tu naquis dans le feu,
            Dit-on, fus arraché au feu par la main de
Ton père. C’est à moi que, souvent, tu promettais le ciel.
            Hélas ! En fait de ciel, quels dons ai-je reçus ! »
Elle se tut. Liber se trouvait derrière elle et la
            Suivait ; depuis longtemps il écoutait ses plaintes.
Il la prend dans ses bras, sèche ses pleurs sous ses baisers
            Et dit : « Gagnons ensemble les hauteurs du ciel !
Tu t’es unie à moi ; ton nom sera uni au mien
            Car, métamorphosée, tu seras Libéra.
Et je ferai en sorte que tu aies un souvenir
            De la couronne offerte à Vénus par Vulcain,
Par elle à toi ». Il tient parole et, des neuf gemmes, fait
            Neuf astres, feux dont brille la Couronne d’or.
Fastes, III, 459-516 


Et pour les mélomanes, voici le Lamento d'Arianna de Claudio Monteverdi,
interprété par Anna Caterina Antonacci :


Bonne lecture !
Bonne écoute !


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