vendredi 15 février 2019

Après Léda, Narcisse...

Une nouvelle fresque  vient d'être retrouvée à Pompéi dans la maison où avait été retrouvée en novembre 2018 une fresque représentant Léda (https://ovidii-amici.blogspot.com/2018/11/edition-speciale.html)...


Voici ce qu'en dit aujourd'hui même Figaro) :

ARCHÉOLOGIE - La peinture murale, au trait précis et aux couleurs chatoyantes, se trouvait dans l'atrium d'une demeure réputée pour la richesse de sa décoration et son état de préservation. En novembre dernier, une autre illustrant la scène d'amour entre Leda et le cygne y avait été dévoilée.
On finirait presque par s'habituer. La direction du site archéologique de Pompéi a annoncé la découverte d'un nouveau trésor. En novembre dernier, une fresque représentant le mythe de Leda et du cygne avait été trouvée dans une grande demeure de la cité antique. Les archéologues viennent de mettre à jour dans cette même maison une peinture murale représentant Narcisse se mirant dans l'eau. « Les découvertes exceptionnelles continuent », s'est enthousiasmé Massimo Osanna, directeur du parc archéologique de la cité antique, ensevelie dans l'éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C.

Le peintre anonyme de cette splendide fresque n'aurait-il pas lu Ovide...


Il était une source claire et pure, aux eaux d’argent ;
Ni les bergers, ni les chèvres paissant sur les monts
Ne l’avaient souillée, ni d’autres troupeaux ; pas un oiseau,
Pas une bête ne l’avait troublée, pas un rameau
Tombé de l’arbre. Son eau nourrissait l’herbe sur ses bords,
La forêt empêchait le soleil d’attiédir l’endroit.
L’enfant, épuisé par la chasse et la chaleur, s’y vient
Abattre : il cède à l’attrait de l’endroit et de la source.
Tandis qu’il veut calmer sa soif, une autre soif le prend ;
Tandis qu’il boit, il voit un beau reflet qui le ravit,
Qu’il aime — reflet sans consistance : il prend une ombre pour
Un corps. Il en est stupéfait, son visage se fige
Et, comme un marbre de Paros, il reste sans bouger.
Etendu là, il contemple deux astres — ses deux yeux —,
Ses cheveux dignes de Bacchus et même d’Apollon,
Ses joues imberbes, son cou d’ivoire, la grâce de sa bouche,
Il contemple ce teint de neige qu’une rougeur colore,
Et tout ce qui en lui se peut admirer, il l’admire.
Sans le savoir, il se désire ; il plaît à qui lui plaît,
Qui recherche est recherché, qui enflamme est enflammé.
Que de baisers reçoit, pour rien, cette source trompeuse,
Que de fois il plonge ses bras dans l’eau pour tenter de
Se saisir du cou qu’il voit sans parvenir à s’atteindre.
Que voit-il ? Il ne le sait ; mais ce qu’il voit le consume,
Et ce qui trompe ses regards est ce qui les embrase.
Pourquoi, naïf enfant, chercher en vain ce double qui
Te fuit ? Ce que tu veux n’est nulle part ; ce que tu aimes,
Tourne-toi, tu le perdras ; c’est une ombre que tu vois,
Un reflet sans consistance ; avec toi, il va, il reste ;
Repars, il repartira — si tu pouvais repartir.

Métamorphoses, III, 407-436

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