Connaissez-vous
la tragique histoire de Pyrame et Thisbé ? Assurément, puisque vous
connaissez celle de Roméo et Juliette…
Mais
rendons à César ce qui appartient à César, ou, pour mieux dire, rendons à Ovide
ce qui lui appartient. Car c’est bien à la source des Métamorphoses que Shakespeare a puisé son inspiration.
Il
était donc une fois, dans la lointaine Babylone, une jeune fille – Thisbé – et
un jeune homme – Pyrame – qui s’aimaient. Or, comme par un fait exprès, leurs
parents se haïssaient et interdisaient formellement aux amoureux de se
rencontrer. Heureusement, les maisons des deux familles étaient contiguës, si
bien que, par une fente du mur, Pyrame et Thisbé pouvaient se dire leur
amour…
©Jean-Luc Ramond
Mais
à la longue, cela ne leur suffit plus : ils décidèrent de braver la
volonté des adultes et de s’enfuir ensemble. Pour ce faire, ils se donnèrent
rendez-vous sous un grand mûrier, auprès du tombeau de Ninus, un ancien roi de
Babylone.
Pour
une raison inconnue, Thisbé arriva la première – en avance ? Or, tandis
qu’elle attendait son amoureux – en retard ? – une lionne vint
rôder dans les parages. Thisbé, épouvantée, va se cacher dans une grotte
voisine, laissant tomber son voile à terre.
Château de Villeneuve-Lembron (63), Grande salle, médaillon peint (XVIIe s.).
La lionne le renifle et y essuie
ses babines sanglantes – car elle venait de croquer quelque imprudente gazelle.
Puis elle continue sa route sans se soucier le moins du monde de Thisbé.
Cabinet flamand, musée Benoît-De-Puydt, Bailleul (XVIIe s.)
Survient
Pyrame, qui découvre sur le lieu du rendez-vous les empreintes du fauve et le
voile de Thisbé maculé de sang. Le sien ne fit qu’un tour : se croyant
coupable de la mort de sa bien aimée, il prend son épée et s’en transperce,
espérant ainsi rejoindre dans la mort celle dont il croyait avoir causé la
mort…
C’est
alors que Thisbé sort de sa cachette et retourne au lieu du rendez-vous. Mais,
sous le grand mûrier, elle trouve le corps moribond de son bien aimé. Elle n’a
que le temps de recueillir son dernier soupir et de prendre la terrible
décision de le rejoindre dans la mort en se transperçant de l’épée de Pyrame.
Majolique, Pesaro, XVIe s., Wallace collection, Londres.
Pierre incrustée de nacre et de marbre, Rijksmuseum, Amsterdam
Le
sang des deux amants avait rejailli jusque sur les fruits du mûrier. C’est
depuis ce temps-là, dit-on, que les mûres, initialement blanches, sont rouge
sang…
©Jean-Luc Ramond
Je remercie Séverine, qui m'a fait découvrir les cabinets peints du musée Benoît-De-Puydt de Bailleul (59) et Isabelle, qui m'a fait parvenir la photographie amstellodamoise. Toutes deux sont de grandes amies d'Ovide...
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