Cette effigie d'une femme nue allongée sur un divan est sculptée dans le plus grand détail : buste gracieux, poitrine aux courbes généreuses, ventre souple au nombril dessiné. La tradition gréco-romaine abonde de récits d'hommes tombant fous amoureux de ces sculptures plus vraies que nature, à la frontière entre l'art et la vie, la mimesis et le simulacre.
Le mythe de Pygmalion qui, las des femmes qu'il rencontrait dans la vraie vie, sculpta dans l'ivoire le corps d'une femme qui prit forme humaine à son toucher, exprime cette relation entre art, imitation et réalité. Elle illustre aussi la croyance, largement partagée, selon laquelle les artistes étaient capables de contrôler la nature. La présence ici de coraux "cerveau" recouvrant la forme humaine suggère pourtant le contraire. C'était une pratique populaire courante de reproduire des formations rocheuses naturelles. La ville antique de Rhodes regorgeait ainsi de grottes artificielles.
Dans les Métamorphoses d'Ovide, on trouve l'extraordinaire corne d'abondance des mythes gréco-romains fondés sur les concepts de la transformation. En combinant une silhouette de femme drapée d'un chiton à une tête et aux énormes pattes d'une mouche, cette sculpture évoque certains récits métamorphiques comme le mythe d'Arachné, une jeune fille originaire de Lydie célèbre pour sa maîtrise de l'art du tissage.
La fière Arachné osa défier Athéna lors d'un concours de tissage et créa une tapisserie exquise qui représentait la vie scandaleuse des dieux. Furieuse, la déesse transforma Arachné en araignée, condamnée à tisser pour l'éternité. Ce récit peut se lire comme une parabole du pouvoir artistique et de l'antagonisme séculaire entre la créativité et l'autorité. Les notions de transformations - à la fois physiques et métaphoriques - dépassaient le domaine du mythe. En Grèce, les danseurs de morphasmos imitaient ainsi des animaux, par lesquels ils finissaient par être possédés.
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