La matinée du dimanche 25 était consacrée à la visite du musée des Beaux-Arts, avec pour guide Didier Perceveaux, qui avait prévu de nous faire découvrir quelques oeuvres inspirées des Métamorphoses.
Nous commençons par la peinture, avec une toile du Tintoret (1518-1594) représentant Danaé fécondée par Jupiter, qui avait pris pour l'occasion la forme d'une pluie d'or. C'est que le père de Danaé savait que si sa fille lui donnait un descendant, il serait détrôné par celui-ci. Il avait donc enfermé sa fille dans un pièce sans ouverture. Mais il avait sans doute oublié de vérifier l'étanchéité du toit : un petit trou suffit pour donner passage à Jupiter sous la forme que l'on sait, et pour permettre à Danaé de concevoir Persée, le futur vainqueur de la Méduse...
Ici, l'on voit une servante recueillir dans son tablier les pièces qui tombent du ciel...
Le même thème est ici traité par Jacques Blanchard (1600-1638), avec une servante cupide - c'est sans doute la norme -, une Danaé ivoirine - c'est assurément la norme - un Cupidon qui est bien le lascivus puer - le polisson - dont parle Ovide, et un Jupiter qui n'apparaît pas au premier coup d'oeil. L'avez-vous vu ? Non ? Alors j'agrandis l'image...
Le même thème est ici traité par Jacques Blanchard (1600-1638), avec une servante cupide - c'est sans doute la norme -, une Danaé ivoirine - c'est assurément la norme - un Cupidon qui est bien le lascivus puer - le polisson - dont parle Ovide, et un Jupiter qui n'apparaît pas au premier coup d'oeil. L'avez-vous vu ? Non ? Alors j'agrandis l'image...
Toujours pas ?
Si !
Bravo !
Ce Mercure et Argus du Flamand Jacob Jordaens (1593-1678) a bien plu à tout le monde. Peut-être parce que ce n'est pas vraiment de la mythologie : Argus est moins le monstre aux cent yeux qu'un vieux berger, Mercure n'est identifiable ni à ses talonnières ni à son pétase - il ne porte ici qu'un chapeau qu'on devait pouvoir se procurer sur tous les marchés des Flandres au XVIIe s. - Io est une vache parfaitement banale et même quelque peu efflanquée. C'est plutôt du reportage : sur l'instantané, on voit un jeune qui s'apprête à faire un mauvais coup et que personne n'a repéré sauf le chien, ce qui est normal et, plus inattendu, la vache noire. Voyez plutôt son regard menaçant dirigé vers Mercure. La vache garde le berger... Est-ce de l'humour anversois ?
Le dernier tableau n'est peut-être pas le plus beau de la série - que François Lemoyne (1688-1737) me pardonne - mais c'est lui qui a suscité le plus de commentaires. Il s'agit, vous l'aurez reconnu, de Narcisse...
Ce qui nous a intrigués, c'est cette baguette qu'il tient dans sa main droite. De loin, on peut croire que c'est une flèche ; mais Narcisse n'est pas un archer... Une lance ; mais c'est trop petit pour une lance... Alors quoi ? Le plus astucieux proposa d'y voir un de ces bâtons qu'utilisent les peintres pour se stabiliser en prenant appui sur la toile. Narcisse serait donc un peintre à l'ouvrage, et le tableau un autoportrait du peintre en peintre... Pas mal !
Pour y mettre mon grain de sel, je fis cette confidence de photographe...
Lorsque le photographe a fait son tirage dans l'obscurité du laboratoire, il sort systématiquement à la lumière pour examiner à quoi ressemble ce qu'il a fait. Au fond de la cuvette en matière plastique, il y a son image, tout droit sortie du bain de fixateur, qu'il regarde avec la plus grande attention, la rapprochant, l'éloignant, inclinant la tête de côté... Mais au fait, est-ce vraiment son image qu'il regarde ? Oui, si l'on entend par là "son reflet" ; car la question qu'il se pose est moins "Est-ce que j'ai réussi ma photo ?" que "Est-ce que je suis bon ?".
Toute photographie serait-elle un autoportrait du photographe en Narcisse ?
Si !
Bravo !
Ce Mercure et Argus du Flamand Jacob Jordaens (1593-1678) a bien plu à tout le monde. Peut-être parce que ce n'est pas vraiment de la mythologie : Argus est moins le monstre aux cent yeux qu'un vieux berger, Mercure n'est identifiable ni à ses talonnières ni à son pétase - il ne porte ici qu'un chapeau qu'on devait pouvoir se procurer sur tous les marchés des Flandres au XVIIe s. - Io est une vache parfaitement banale et même quelque peu efflanquée. C'est plutôt du reportage : sur l'instantané, on voit un jeune qui s'apprête à faire un mauvais coup et que personne n'a repéré sauf le chien, ce qui est normal et, plus inattendu, la vache noire. Voyez plutôt son regard menaçant dirigé vers Mercure. La vache garde le berger... Est-ce de l'humour anversois ?
Le dernier tableau n'est peut-être pas le plus beau de la série - que François Lemoyne (1688-1737) me pardonne - mais c'est lui qui a suscité le plus de commentaires. Il s'agit, vous l'aurez reconnu, de Narcisse...
Ce qui nous a intrigués, c'est cette baguette qu'il tient dans sa main droite. De loin, on peut croire que c'est une flèche ; mais Narcisse n'est pas un archer... Une lance ; mais c'est trop petit pour une lance... Alors quoi ? Le plus astucieux proposa d'y voir un de ces bâtons qu'utilisent les peintres pour se stabiliser en prenant appui sur la toile. Narcisse serait donc un peintre à l'ouvrage, et le tableau un autoportrait du peintre en peintre... Pas mal !
Pour y mettre mon grain de sel, je fis cette confidence de photographe...
Lorsque le photographe a fait son tirage dans l'obscurité du laboratoire, il sort systématiquement à la lumière pour examiner à quoi ressemble ce qu'il a fait. Au fond de la cuvette en matière plastique, il y a son image, tout droit sortie du bain de fixateur, qu'il regarde avec la plus grande attention, la rapprochant, l'éloignant, inclinant la tête de côté... Mais au fait, est-ce vraiment son image qu'il regarde ? Oui, si l'on entend par là "son reflet" ; car la question qu'il se pose est moins "Est-ce que j'ai réussi ma photo ?" que "Est-ce que je suis bon ?".
Toute photographie serait-elle un autoportrait du photographe en Narcisse ?
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