Sans doute vous est-il arrivé, en vous promenant dans la nature, de sentir près de vous la présence indiscutable d'une nymphe, celle de Syrinx dans une roselière ou de Cyparissus dans un cyprès qui vous faisait un signe de tête...
Tout récemment, c'est Myrrha accouchant d'Adonis que j'ai cru voir dans le beau parc de Lapenne, pourtant dédié aux bambous. Jugez-en plutôt...
Et si vous voulez vérifier sur place, voici : https://parcauxbambous.com/
Voici précisément deux mille ans qu’Ovide est mort. Voici deux mille ans que sa voix ne cesse pourtant pas de résonner, sous des formes qui se renouvellent sans cesse. Aujourd’hui, pour célébrer sa mémoire, j’ai choisi de lui consacrer un Blog, le Blog des Amis d’Ovide. Vous qui aimez ce poète, ou qui avez envie de le découvrir, de le fréquenter, de le faire aimer, soyez les bienvenus ! Et bienvenue aux informations, documents, réactions que vous voudrez bien m’adresser pour que je les publie.
mardi 30 mai 2017
dimanche 28 mai 2017
Orphée en Avignon
Si vous avez l'intention d'assister au prochain Festival d'Avignon, vous pourrez y retrouver Orphée dans l'approche qu'en propose un ami d'Ovide, Louis-Marie Zaccaron-Barthe.
Pour vous faire une idée du spectacle, intitulé "Orphée ou le rêve de la beauté ", vous pouvez lire le compte rendu qu'en donne Le Midi Libre : http://www.midilibre.fr/2017/05/04/orphee-a-teyran-en-avant-premiere-avant-avignon,1502186.php
Vous pouvez aussi regarder le teaser ou, pour mieux dire, l'incitamentum tourné aux environs du Pic Saint-Loup : https://www.youtube.com/watch?v=HVMC0_DwkZc
Vous pouvez surtout aller voir le spectacle en juillet prochain...
Pour vous faire une idée du spectacle, intitulé "Orphée ou le rêve de la beauté ", vous pouvez lire le compte rendu qu'en donne Le Midi Libre : http://www.midilibre.fr/2017/05/04/orphee-a-teyran-en-avant-premiere-avant-avignon,1502186.php
Vous pouvez aussi regarder le teaser ou, pour mieux dire, l'incitamentum tourné aux environs du Pic Saint-Loup : https://www.youtube.com/watch?v=HVMC0_DwkZc
Vous pouvez surtout aller voir le spectacle en juillet prochain...
Orphée, © Jean-Luc Ramond
mercredi 24 mai 2017
La Calisto et Alcione sur Culturebox
Si vous n'avez pas pu vous rendre en Alsace pour La Calisto de Francesco Cavalli ou à Paris pour Alcione de Marin Marais, vous pourrez du moins écouter et regarder ces deux opéras sur Culturebox, où ils sont en replay pendant six mois :
http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/musique-classique/c-est-baroque/operas/christophe-rousset-dirige-la-calisto-de-francesco-cavalli-255489
http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/opera/alcione-par-jordi-savall-a-l-opera-comique-255291
Bonne écoute ! Bon spectacle !
http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/musique-classique/c-est-baroque/operas/christophe-rousset-dirige-la-calisto-de-francesco-cavalli-255489
http://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/opera/alcione-par-jordi-savall-a-l-opera-comique-255291
Bonne écoute ! Bon spectacle !
La Calisto
Mariame Clément, Mise en scène
Julia Hansen, Décors et costumes
Marion Hewlett, Lumières
Julia Hansen, Décors et costumes
Marion Hewlett, Lumières
mercredi 17 mai 2017
La métamorphose de Narcisse
Il était une source claire et pure, aux eaux d’argent ;
Ni les bergers, ni
les chèvres paissant sur les monts
Ne l’avaient
souillée, ni d’autres troupeaux ; pas un oiseau,
Pas une bête ne
l’avait troublée, pas un rameau
Tombé de l’arbre. Son
eau nourrissait l’herbe sur ses bords,
La forêt empêchait le
soleil d’attiédir l’endroit.
L’enfant, épuisé par
la chasse et la chaleur, s’y vient
Abattre : il cède à
l’attrait de l’endroit et de la source.
Tandis qu’il veut
calmer sa soif, une autre soif le prend ;
Tandis qu’il boit, il
voit un beau reflet qui le ravit,
Qu’il aime — reflet
sans consistance : il prend une ombre pour
Un corps. Il en est
stupéfait, son visage se fige
Et, comme un marbre
de Paros, il reste sans bouger.
Etendu là, il
contemple deux astres — ses deux yeux —,
Ses cheveux dignes de
Bacchus et même d’Apollon,
Ses joues imberbes,
son cou d’ivoire, la grâce de sa bouche,
Il contemple ce teint
de neige qu’une rougeur colore,
Et tout ce qui en lui
se peut admirer, il l’admire.
Sans le savoir, il se
désire ; il plaît à qui lui plaît,
Qui recherche est
recherché, qui enflamme est enflammé.
Que de baisers
reçoit, pour rien, cette source trompeuse,
Que de fois il plonge
ses bras dans l’eau pour tenter de
Se saisir du cou
qu’il voit sans parvenir à s’atteindre.
Que voit-il ? Il ne
le sait ; mais ce qu’il voit le consume,
Et ce qui trompe ses
regards est ce qui les embrase.
Pourquoi, naïf
enfant, chercher en vain ce double qui
Te fuit ? Ce que tu
veux n’est nulle part ; ce que tu aimes,
Tourne-toi, tu le
perdras ; c’est une ombre que tu vois,
Un reflet sans
consistance ; avec toi, il va, il reste ;
Repars, il repartira — si tu pouvais
repartir.
Ni le besoin de manger, ni le besoin
de dormir
Ne peut l’arracher de là ; allongé
dans l’herbe épaisse,
Il regarde insatiablement une
mensongère
Beauté ; ses propres yeux causent sa
perte ; il se soulève
Un peu et dit, tendant les bras aux
forêts qui l’entourent :
« Quelqu’un a-t-il, forêts,
plus durement souffert d’aimer ?
Vous le savez bien, abris opportuns
de tant d’amants.
Vous qui vivez bien des siècles,
avez-vous le souvenir,
En tout ce temps, de quelqu’un qui
dépérit comme moi ?
Etre charmé, voir qui me charme et
ne pouvoir saisir
Qui je vois, qui me charme, tant mon
amour est abusé...
Pour combler ma douleur, aucune
immense mer ne nous
Sépare, aucun chemin, aucun sommet,
aucun rempart
Bien clos ; juste un peu d’eau.
Lui-même souhaite cette étreinte,
Car chaque fois que j’ai tendu mes
lèvres vers l’eau claire,
Il a chaque fois essayé de
rapprocher sa bouche.
Je croyais le toucher : l’obstacle
entre nous est bien mince.
Qui que tu sois, viens ; pourquoi
m’abuser, enfant unique ?
Où pars-tu quand je veux t’atteindre
? Ni mon air, ni mon âge
Ne te font fuir, c’est sûr : même
les nymphes m’ont aimé.
Que ne me fait pas espérer ce visage
amical ?
Quand je tends les bras vers toi, tu
tends les tiens de toi-même ;
Quand je souris, tu souris. Souvent,
je t’ai vu pleurer
Quand je pleurais ; d’un signe tu
réponds à mes appels
Et si je lis bien les mouvements de
ta jolie bouche,
Tu me renvoies des mots, qui
n’atteignent pas mes oreilles.
Je suis qui tu es ; je l’ai compris
: mon reflet ne me
Trompe plus. C’est moi que j’aime,
moi qui brûle et enflamme.
Que faire ? Attendre ? Entreprendre
? Et, désormais, qu’entreprendre ?
Ce que je désire est en moi ; mon
trésor me rend pauvre.
Si seulement je pouvais me séparer
de mon corps.
Quel vœu pour un amant : que ce que
j’aime soit loin de moi !
La douleur maintenant m’ôte mes
forces ; je n’en ai plus
Pour très longtemps à vivre et je
m’éteins en mon jeune âge.
Mais mourir ne me pèse pas : j’y
perdrai ma douleur ;
Celui que j’aime, j’aurais voulu
qu’il vécût davantage.
Nos deux cœurs, en mourant,
exhaleront un même souffle. »
Il se tut. Dans son délire, il
revint voir ce visage ;
Ses larmes troublèrent les eaux :
leur surface agitée
Renvoya une image instable. La
voyant disparaître :
« Où fuis-tu, s’écria-t-il ;
reste, n’abandonne pas,
Cruel, celui qui t’aime. Ce que je
ne peux pas toucher,
Que je puisse le voir et nourrir ma
pauvre folie. »
Tout en se plaignant, il arracha son
vêtement par
Le haut et frappa sa poitrine nue de
ses mains blanches.
Sa poitrine frappée prit une
carnation de rose,
Comme le font les fruits, qui sont
blancs d’un côté, rouges
De l’autre ; comme fait le raisin
avant qu’il ne soit mûr :
Ses grappes aux grains verts
prennent la couleur de la pourpre.
Quand l’eau fut redevenue lisse, il
ne supporta pas
Davantage ce qu’il y vit : tout
comme un feu léger
Fait fondre la cire dorée, comme un
tiède soleil
Le givre matinal, ainsi, consumé par
l’amour,
Il dépérit et brûle peu à peu d’un
feu secret.
Cette blancheur, mêlée de vermillon,
a disparu,
Ces forces, cette vigueur, tout ce
qui plaisait naguère ;
Ce corps n’est plus le corps
qu’avait jadis aimé Echo.
Quand celle-ci le vit, malgré tout
son ressentiment,
Elle eut de la peine, et chaque fois
que le pauvre enfant
Disait « Hélas ! », elle
lui répondait par un « Hélas ! »,
Et lorsque celui-ci se frappait les
bras de ses mains,
Elle aussi renvoyait un bruit
semblable au bruit des coups.
Les yeux fixés, comme toujours, sur
l’eau, il prononça
Ses derniers mots : « Hélas !
enfant, je t’ai aimé en vain. »
Le lieu les renvoie tous. Il dit
« Adieu ». « Adieu », répète
Echo. Sa tête épuisée s’abat sur le
vert gazon.
La mort ferma ses yeux, qui
admiraient la beauté de
Leur maître. Et même une fois qu’il
fut entré aux Enfers,
Il se mirait dans l’eau du Styx. Les
naïades, ses sœurs,
Le pleurèrent et offrirent leur
chevelure à leur frère.
Les dryades le pleurèrent ; Echo
redoubla leurs pleurs.
On préparait déjà torches, bûcher et
lit funèbre ;
Mais le corps avait disparu. A sa
place, on trouva
Une fleur au cœur safran entourée de blancs pétales.
D'après Ovide, Métamorphoses, III, 407-510
mardi 16 mai 2017
La nymphe Echo...
Puisqu'il était question dans ma dernière publication de La source des images, remontons à la source de notre connaissance de Narcisse : les vers qu'Ovide lui consacre au livre III des Métamorphoses.
Mais chez Ovide, l'épisode commence par l'histoire d'Echo, la nymphe bavarde - l'écho étant aux sons de ce que le reflet est aux images.
Tirésias,
qui rendait pour tous d’infaillibles oracles,
Avait un très grand renom dans les
villes d’Aonie.
Liriopé aux cheveux d’azur éprouva
la première
Qu’on pouvait se fier à lui. Le Céphise,
jadis,
L’enveloppa dans sa courbe et,
prisonnière des flots,
Il la viola. Belle comme elle était,
elle porta
Et mit au monde un enfant digne
d’être aimé des nymphes
A sa naissance, et le nomma
Narcisse. Interrogé
Pour savoir s’il atteindrait une
vieillesse avancée,
Tirésias rendit cet arrêt :
« S’il ne se connaît pas ».
On crut longtemps que l’oracle était
vain ; le dénouement,
Les faits, cette mort, ce délire
étrange le démentirent.
A ses quinze ans, le fils du Céphise
avait ajouté
Une année : on pouvait le dire
enfant comme jeune homme.
Bien des jeunes gens, bien des
jeunes filles le désirèrent ;
Ni les jeunes gens, ni les jeunes
filles ne le touchèrent,
Tant était dur l’orgueil que cachait
sa tendre beauté.
Comme il chassait vers ses filets
des cerfs tremblants, la nymphe
A la voix sonore — Echo — le vit,
elle qui ne sait
Ni s’abstenir de répondre, ni parler
avant les autres.
Echo, qui n’est plus qu’une voix,
avait encore un corps,
Mais la bavarde parlait comme elle
fait aujourd’hui :
En ne renvoyant que les derniers des
mots prononcés.
C’est l’œuvre de Junon : quand
celle-ci pouvait surprendre
Les nymphes dans les montagnes
couchées avec Jupiter,
Echo la retenait longtemps par
d’habiles discours,
Laissant le temps de fuir aux
nymphes ; Junon s’en aperçut :
« Celle langue qui m’a trompée
ne te servira plus
Beaucoup et tu ne prendras plus pour
longtemps la parole. »
La menace est suivie d’effet : Echo
reprend la fin
De ce qui s’est dit, rapporte ce
qu’elle a entendu.
Voyant donc Narcisse aller par des
campagnes perdues,
Elle suit ses pas à la dérobée,
brûlant d’amour.
Plus elle le suit, plus elle se
rapproche et se brûle
A cette flamme : ainsi le soufre vif
dont on enduit
L’extrémité des torches prend feu à
l’approche des flammes.
Que de fois elle veut l’aborder avec
des mots doux,
Faire de tendres prières ; sa nature
s’y oppose,
Lui défend de commencer ; mais il
n’est pas défendu
De guetter des sons auxquels répondre
: elle s’y tient prête.
L’enfant se retrouva loin de ses
compagnons fidèles ;
« Il y a quelqu’un ? »,
demande-t-il. « Quelqu’un », répond Echo.
Stupéfait, il jette des regards de
tous les côtés
Et s’écrie « Viens ! » à
pleine voix ; elle le lui renvoie.
Il se retourne et ne voit rien
venir. « Pourquoi, dit-il,
Me fuis-tu ? » Il lui revient
mot pour mot ce qu’il a dit.
Il insiste, abusé par ce faux
semblant de réponse.
« Rejoignons-nous ici. »
Jamais Echo ne renvoya
Un son plus volontiers :
« Joignons-nous ici », répond-elle.
Et, passant du mot à l’acte, elle
sort de la forêt
Pour aller enlacer ce cou, objet de
son désir.
En fuyant, il lui dit :
« Enlève tes mains ; pas d’étreinte.
Je serai mort avant que tu ne
disposes de moi. »
Elle ne lui répond que ces mots :
« Dispose de moi. »
Honteuse d’être dédaignée, elle se
cache au fond
Des bois, sous les feuillages, vit
dans les antres solitaires.
Mais la douleur du refus accroît son
amour tenace ;
Son souci la tient éveillée, mine
son pauvre corps,
La maigreur ride sa peau et sa
substance s’en va
Dans les airs. Seuls subsistent sa
voix et ses os. Sa voix
Reste inchangée, ses os, dit-on, se
transforment en pierre.
Depuis, elle se cache au fond des
bois, n’apparaît pas
Sur les montagnes ; chacun l’entend
: il survit d’elle un son.
Ainsi se joua-t-il de la nymphe et
d’autres encore,
Nées de l’eau, des montagnes, et de
bien des garçons aussi.
Un qu’il avait éconduit lève donc
les bras au ciel :
« Qu’il aime comme nous, et que
ce qu’il aime le fuie. »
Il se tut. Némésis exauça ses justes
prières.
D'après Ovide, Métamorphoses, III, 339-406
lundi 15 mai 2017
Un vieil ami d'Ovide
Le compositeur Patrick Burgan est un vieil ami d'Ovide... Déjà, en 1999, il créait un conte lyrique inspiré de Narcisse, La source des images ou Narcisse exaucé : "Narcisse
voit son reflet tant désiré se multiplier et dévoiler sous ses yeux les
diverses facettes de son être, des plus fades aux plus excentriques.
Anéanti par ce tourbillon, il se tait ; toutes ses images s’unissent
alors et recomposent son personnage perdu."
En voici deux extraits :
Première image :
Sixième image et final :
Et voici la version intégrale :
Texte de Marc Blanchet
Mise en scène : Pierre Barrat
Décors : Nicolas Sire
Richard Brunel
(Narcisse)
Ensemble Musicatreize sous la direction de Roland
Hayrabedian
Conte lyrique pour un acteur, douze chanteurs et huit instrument.
Si vous souhaitez découvrir ou retrouver la musique de Patrick Burgan, et si vous habitez dans la région toulousaine, je vous invite à vous rendre jeudi prochain 18 mai à l'église de Blagnac pour y écouter en création mondiale Via Lucis, motet spirituel pour treize voix et viole de gambe. Il s'agit d'une commande du choeur de chambre Les Eléments, dirigé par Joël Suhubiette. Pour davantage d'information :
Et pour mieux connaître l'oeuvre de Patrick Burgan :
Bonne écoute !
vendredi 12 mai 2017
Acis and Galatea
L'émission de France Musique "La tribune des critiques de disques" sera consacrée dimanche prochain à l'opéra de Georg Friedrich Haendel Acis and Galatea. Les invités de Jérémie Rousseau - Chantal Cazaux, Emmanuel Dupuy et Piotr Kaminski - auront à répondre à la question : "Quelle est la meilleure version d'Acis and Galatea de Georg Friedrich Haendel ?"
Rendez-vous est pris le 14 mai de 16h à 18h.
Rendez-vous est pris le 14 mai de 16h à 18h.
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