Voici précisément deux mille ans qu’Ovide est mort. Voici deux mille ans que sa voix ne cesse pourtant pas de résonner, sous des formes qui se renouvellent sans cesse.
Aujourd’hui, pour célébrer sa mémoire, j’ai choisi de lui consacrer un Blog, le Blog des Amis d’Ovide.
Vous qui aimez ce poète, ou qui avez envie de le découvrir, de le fréquenter, de le faire aimer, soyez les bienvenus ! Et bienvenue aux informations, documents, réactions que vous voudrez bien m’adresser pour que je les publie.
Continuons, si vous le voulez bien, notre tour d'Europe ovidien en faisant halte au Portugal. Car Ovide y a été en grande estime, et les murs de bien des palais se sont ornés, aux XVIIe et XVIIIe siècles, d'azulejos inspirés des Métamorphoses.
Neptune poursuivant Coronis
Comment cela était-il possible, me direz-vous, puisque les censeurs de l'Inquisition veillaient à ce que des textes traitant des amours profanes ne circulent pas au Portugal ?
Vous trouverez la réponse à cette pertinente question dans le bel article d'Ana Paula Rebelo Correia, paru dans le n° 29 de la revue Anabases, désormais accessible sur Internet.
Connaissez-vous la tragique histoire de Léandre et Héro ? Alors que Léandre traversait à la nage l'Hellespont - les Dardanelles - pour rejoindre, de l'autre côté du détroit, celle qu'il aimait, Héro, il fut surpris par la tempête et seul son cadavre atteignit le rivage. Désespérée, Héro se jeta de la tour où elle guettait son amant et le rejoignit dans la mort.
Ovide y consacre deux Héroïdes (18 et 19) et, après lui, bien des poètes et des artistes s'en inspireront.
Aujourd'hui, je voudrais vous faire connaître le travail que Marie Platon, une excellente amie d'Ovide, consacre à Alde Manuce (1449-1515), un imprimeur italien qui s'est intéressé de très près à cette légende.
Nous connaissons le regain d'intérêt que suscite la réception d'Ovide au Moyen Age. Eh bien voici une publication qui nous en apprendra long sur le sujet. Il s'agit du n ° 41 des Cahiers de recherches médiévales et humanistes, publié par les Classiques Garnier sous la direction d'Irene Salvo Garcia et de Marylène Possamaï-Pérez, et consacré à "Ovide dans la Romania médiévale".
J'attire en particulier votre attention sur l'article d'Amalia Desbrest, grande amie d'Ovide et jeune chercheuse, qui travaille actuellement sur la première traduction en castillan des Héroïdes. En voici la première page :
LA PREMIÈRE TRADUCTION COMPLÈTE EN CASTILLAN DES HÉROÏDESD’OVIDE, ms. 5-5-16 de la Bibliothèque Colombine de Séville
Les Héroïdes, ou HeroidumEpistolaed’Ovide sont un recueil de vingt- et-une lettres de grandes héroïnes gréco-latines adressées à celui qu’elles aiment, à l’exception de trois d’entre elles qui sont écrites par les amants et adressées aux héroïnes (lettres de Pâris, Léandre et Acontius). Le ton est pathétique et la vraisemblance de la situation d’énonciation peut parfois être questionnée. En effet, Ariane écrit à Thésée alors qu’elle se trouve sur une île déserte et qu’elle ignore où se trouve l’amant qui l’a abandonnée, Déjanire s’adresse à Hercule, son époux, alors que celui-ci est déjà mort... On pourrait dire que, plus que des lettres, ce sont des «monologues de détresse et de complaintes» écrits sous forme épisto- laire (1). Cependant, c’est bien l’amour qui est le dénominateur commun de toutes ces lettres (2). Moins connues que les célèbres Métamorphoses, les Héroïdesn’en restent pas moins une œuvre littéraire remarquable. L’intérêt porté aux Héroïdesd’Ovide n’est en rien nouveau puisque dès le Moyen Âge, et en particulier à partir de cette période que Ludwig Traube appelle l’aetas ovidiana (3), on constate partout en Europe un inté- rêt croissant pour Ovide et ses œuvres : les Héroïdesn’échappent pas à cette vague d’intérêt. Au cours de l’aetas ovidiana, qui dure du XIIe au XIIIe siècle, on se remet à lire et étudier Ovide, qui avait eu tendance à disparaître du champ des études (4).
1Ovide, Héroïdes, éd. H. Bornecque et D. Porte, trad. M. Prévost, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. XI. 2Ovidio, Heroidas, éd. F. Moya del Baño, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, 1986. 3L. Traube, Vorlesungen und Abhandlungen. Vol. 2. Einleitung in die lateinische Philologie des Mittelalters, Munich, 1911, p. 113. 4L. D. Reynolds, N.G. Wilson, D’Homère à Érasme : la transmission des classiques grecs et latins, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1984, p. 59.
Et voici le sommaire complet du numéro.
Faites votre choix (il est possible d'acheter isolément des articles sur internet) et bonne lecture !
Sommaire
OVIDE DANS LA ROMANIA MÉDIÉVALE / OVID IN MEDIEVAL ROMANIA
SOUS LA DIRECTION D’ / EDITED BY IRENE SALVO GARCÍA ET MARYLÈNE POSSAMAÏ-PÉREZ
Irene Salvo García et Marylène Possamaï-Pérez
Introduction / Introduction 13
Lisa Ciccone
L’allégorie entre veritas et fictio dans un commentaire médiéval
aux Métamorphoses d’Ovide (ms. Vat. Lat. 1479) / The allegory betweenveritasandfictioin a medieval commentary
on Ovid’sMetamorphoses(ms.Vat. Lat. 1479) 21
Marylène Possamaï-Pérez et Irene Salvo García
Les traductions médiévales des Métamorphoses d’Ovide.
Le lexique de la magie (Mét., VII, v. 159-293) / Medieval translations of Ovid’sMetamorphoses.
The lexicon of magic (Met., VII, v. 159–293) 45
Magali Romaggi
Les multiples sources d’inspiration de l’Ovide moralisé /
The multiple sources of inspiration forOvide moralisé67
Marek Thue Kretschmer
Quelques observations sur l’Ovidius moralizatus de Pierre Bersuire / Some observations on Pierre Bersuire’sOvidius moralizatus83
Prunelle Deleville
« Tuit voir ne sont pas bon a dire ». Ovide et parole
proverbiale en langue vernaculaire / “Tuit voir ne sont pas
bon a dire”. Ovid and proverbial speech in the vernacular 103
Federico Rossi
Ovide chez Dante. Mémoire et réécriture du mythe / Ovid in Dante. Memory and rewriting myth 117
Elisa Guadagnini
Les volgarizzamenti des « métamorphoses » ovidiennes.
Notes sur les traductions italiennes d’Arrigo Simintendi
et Giovanni Bonsignori / Thevolgarizzamentiof the Ovidian “metamorphoses”. Notes on the Italian translations
by Arrigo Simintendi and Giovanni Bonsignori 145
Amalia Desbrest
La première traduction complète en castillan des Héroïdes
d’Ovide, ms. 5-5-16 de la Bibliothèque Colombine de Séville / The first complete Castilian translation of Ovid’sHeroides,
ms. 5–5–16 from the Biblioteca Colombina in Seville 157
El presente
volumen es el resultado del Simposio de Estudios Ovidianos / Symposium
on Ovidian Studies, Viuam!, organizado en 2017 en la Universidad de
Huelva por el Grupo de Investigación Nicolaus Heinsius de dicha
Universidad y el Grupo de Investigación Literatura Latina y Mitología
Clásica de la Universidad de Murcia. En él doce especialistas de
reconocido prestigio internacional abordaron el estado actual de los
estudios ovidianos en cada uno de los ámbitos de su competencia, ámbitos
que en general tienen que ver con los distintos apartados de la
producción poética de Ovidio, pero que también trataron aspectos
transversales como la transmisión y establecimiento del texto, el
tratamiento del mito o la pervivencia literaria a través de los siglos,
con el objetivo de poner en común los logros, dificultades y
perspectivas a medio y largo plazo que se abren para los investigadores
de la obra ovidiana. El volumen aspira a ser un referente de élite entre
las conmemoraciones del Bimilenario de la muerte de Ovidio.
Nelle
opere composte a tomi, "Tristia", "Epistulae ex Ponto" e "Ibis",
l'incessante lamento di Ovidio relegato e l'insistente richiesta di un
alleggerimento della pena trovano espressione poetica in numerose
metafore, e nel ricorso frequente a celebri paradigmi mitologici. Il
presente saggio si propone di analizzare questo imponente tessuto
metaforico e il lessico ricorrente di cui si sostanzia.
L'Espagne, l'Italie... Je vous trouve des destinations plutôt sympathiques, non ?