Hop !...
Nous avons franchi l'océan Atlantique, et nous voici aux Etats-Unis...
Faisons connaissance avec Eleanor Antin, artiste dont "le travail est dominé par la question de l'identité féminine et du rôle des femmes dans la société", nous dit Anne Dattler. Elle ne pouvait donc pas être indifférente au personnage d'Hélène, de la belle Hélène, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle a effectivement joué un rôle dans la société de son temps, mais aussi dans l'art de tous les temps.
Voici la version que propose Eleanor Antin de la scène fameuse du jugement de Pâris : le berger Pâris doit dire à quelle déesse il attribuera la pomme marquée des mots "A la plus belle", les déesses en compétition étant la guerrière Athéna, Aphrodite et Héra, l'épouse de Zeus... Vous reconnaîtrez le dieu Hermès dans le personnage au chapeau à plume qui tient la pomme, Pâris dans le personnage vêtu d'une peau de bête ; assise à gauche, Hélène...
The Judgement of Paris - Light Helen
Eleanor Antin
Photographie, tirage à développement chromogène, 2007
Courtesy of the artist and Ronald Feldman Gallery, New York
Voilà qui vous rappelle quelque chose ? Bien sûr... Car la photographie est "after Rubens".
Le Jugement de Pâris
Pierre-Paul Rubens, vers 1638-39
Huile sur panneau de bois
Musée du Prado, Madrid
Les Anciens adoraient le principe : créer une nouvelle oeuvre en référence à une oeuvre du passé. Ils préféraient de beaucoup cette pratique à celle qui consiste à rechercher une originalité absolue. Et le public commentait la façon dont chacun s'en était sorti.
Ici, Eleanor Antin semble avoir joué la carte de l'humour : une Hélène blonde (il existe aussi une version avec une Hélène brune) qui n'a pas l'air spécialement ravie de tenir le rôle qu'on lui fait tenir, un Pâris "homme des bois", un Hermès qui a remplacé la pomme de la fable par une orange, une Athéna "aux belles armes" (il paraît qu'elle tient un fusil M16...), une Vénus censée montrer ses charmes, et qui le fait bien plus timidement que celle de Rubens, et pour clore le tout, une Héra en panoplie de femme d'intérieur des années 50...
A chacun de regarder chaque oeuvre et de décider à laquelle il décernera la pomme - ou l'orange -, marquée des mots "A la plus belle"...
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