Mais, si l'on fait l'effort d'y regarder de plus près, si l'on ne se contente pas de fréquenter les lieux signalés par des affiches en grand format, on découvre qu'elle ne manque pas de trésors.
Voyez plutôt ceux que j'ai sélectionnés pour vous sur les chapiteaux de la collégiale Saint-Nicolas, à Nogaro, dans le Gers.
Ce roi David ne tient-il pas d'Orphée ?
Vous me direz qu'il tient surtout... une viole de bras. C'est exact, et je suis toujours émerveillé de voir les adaptations qui se font, au fil du temps, de l'image d'Orphée : cithariste dans l'Antiquité, violiste au Moyen Age et, pourquoi pas, guitariste à notre époque. C'est, en tout cas, comme ça que je le vois...
Cette
sirène médiévale a perdu son visage et sa forme antique, puisque ces terribles chanteuses
étaient alors des femmes-oiseaux et non les femmes-poissons de la tradition scandinave.
Si l'on en croit Ovide - et pourquoi ne le croirait-on pas ?- leur
origine remonte à l'époque où Cérès était à la recherche de sa fille
Proserpine, que Pluton venait d'enlever dans la plaine d'Henna, en
Sicile.
Les jeunes filles qui jouaient avec elle partirent à la recherche de leur camarade et déplorèrent, en atteignant la côte, de ne pouvoir poursuivre leurs investigations au-dessus des flots. Pour le leur permettre, les dieux les dotèrent d'ailes, mais s'abstinrent de leur ôter leur belle voix...
Les jeunes filles qui jouaient avec elle partirent à la recherche de leur camarade et déplorèrent, en atteignant la côte, de ne pouvoir poursuivre leurs investigations au-dessus des flots. Pour le leur permettre, les dieux les dotèrent d'ailes, mais s'abstinrent de leur ôter leur belle voix...
Voici comment un peintre les représentait sur un statmos à figures rouges (480-470 av. J.-C.) conservé au British Museum.
On reconnaît Ulysse attaché au mât de son bateau : pendant qu'il s'émerveille, ses compagnons, dont il préalablement bouché les oreilles avec de la cire pour les rendre sourds au chant des sirènes, rament sans rien entendre.
Et ce centaure n'a-t-il pas fière allure, lui aussi ?
Et ce centaure n'a-t-il pas fière allure, lui aussi ?
Cet être mi-homme, mi-cheval représentait, dans l'Antiquité, l'humanité s'arrachant à l'animalité. Au Moyen Age, sur les chapiteaux des cloîtres, il représente l'effort que fait l'homme pour tendre vers la spiritualité chrétienne en se dégageant des pesanteurs terrestres, profanes et, en un mot, païennes.
Pour moi, il ne représente pas la nécessité de s'arracher à ceci pour accéder à cela, mais la tentative de préserver ce dont nous sommes issus pour vivre pleinement ce que nous sommes. Suivez mon regard : préserver notre culture humaniste pour vivre pleinement notre modernité...
Car une modernité qui n'assumerait pas ses origines s'imposerait une mutilation, ferait de l'homme un cul-de-jatte.
© Jean-Luc Ramond
Et vous, quelle est votre vision du centaure ?
Envoyez-moi vos réponses : je les publierai sur le blog...
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