Le Centre Pompidou propose jusqu'au 26 mars une rétrospective César que je vous recommande vivement (https://www.centrepompidou.fr/).
Vous y trouverez évidemment ses pièces les plus emblématiques, en particulier ses Compressions, mais aussi d'autres oeuvres, moins connues, et qui ont attiré mon attention pour leur dimension mythologique - que César ne revendiquait d'ailleurs pas...
Voici, pour commencer, une chauve-souris de 1954, en fer forgé et soudé :
puis une autre de 1955, en fer soudé :
Ne nous renvoient-elles pas immanquablement à la fable des fille de Mynias, qui préféraient rester chez elles à filer la laine plutôt que de célébrer le culte de Bacchus ?
"Elles méprisent Bacchus, et profanent sa fête. Tout à coup les tambours et les flûtes recourbées, à l'airain retentissant, mêlent leur bruit confus. L'air est embaumé de myrrhe et de parfums. Les filles de Minyas voient verdir leurs toiles; le lierre y serpente; la vigne y pend en festons. En longs ceps s'arrondit la laine qui charge leurs fuseaux. Le pampre s'ourdit à leurs trames; et de la pourpre dont brillaient les tissus, soudain les grappes se colorent. Déjà le soleil était descendu dans le vaste sein des mers. C'était l'heure où règne une clarté douteuse entre la lumière et les ombres; l'heure où n'étant plus jour, il n'est pas encore nuit. Soudain le toit s'ébranle; on voit briller des torches ardentes; des lueurs effrayantes s'attachent aux lambris, et des tigres, simulacres horribles, hurlent parmi les feux. Tandis que, saisies de terreur, les Minéides, fuyant la lumière et les flammes, se sauvent en divers lieux, dans l'ombre et la fumée, une membrane déliée s'étend sur leurs corps rétrécis; des ailes légères enveloppent leurs bras. L'obscurité ne leur permet pas de voir comment elles ont subi ce changement. Sans le secours d'aucun plumage, elles s'élèvent dans l'air; elles sont soutenues par des ailes d'un tissu transparent. Elles veulent se plaindre, et leur voix n'est plus qu'un cri faible qui part d'un faible corps, un murmure aigu, seul langage permis à leurs regrets. Elles n'habitent point les forêts, mais les toits des maisons. Ennemies du jour, elles ne paraissent que la nuit; elles volent le soir, et, compagnes de Vesper, on les nomme Vespérides."
Métamorphoses, IV, 389-415 (trad. H. Nisard).
Vous trouverez aussi un Centaure :
Voici ce que le cartel m'en a appris : "En 1983, pour l'exposition du Musée Picasso d'Antibes commémorant le dixième anniversaire de la mort de Picasso, César réalise un Centaure en plâtre pour lequel il fait un moulage de sa propre tête. Le centaure est un des grands thèmes de la statuaire classique et des grands monuments équestres qu'il se souvient avoir étudiés à l'école des beaux-arts. César qui considérait Picasso comme un "Centaure sur deux pattes" déclinera ce plâtre en divers matériaux et dimensions jusqu'à son monumental Hommage à Picasso."
Et si vous passez au musée d'Art moderne de la Ville de Paris (http://www.mam.paris.fr/), vous pourrez apprécier le nouveau parcours qui est proposé dans les collections permanentes et vous ne pourrez pas ne pas tomber nez à nez avec l'Orphée en orme d'Ossip Zadkine (1930) :
N'hésitez pas non plus à vous attarder dans la très belle exposition de Jean Fautrier, malheureusement dépourvue de la moindre inspiration métamorphique - au sens ovidien du terme, bien sûr. Car, pour le reste, tout artiste est un métamorphoseur, n'est-ce pas ?...
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