lundi 4 novembre 2024

Eurydice sur le bord du Styx, de Marie H. Sirois

Après Echo (cf. ma précédente publication), c'est Eurydice qui retient l'attention de Marie H. Sirois. Voici le dessin préparatoire qu'elle nous propose aujourd'hui de la nymphe : 

Et les précisions qu'elle joint : 

"Cette toile s’inscrit dans une série intitulée “Papillons” qui sera exposée en 2025.
Papillons est une exploration visuelle de quatre femmes issues des Métamorphoses d’Ovide : Ariane, Écho, Eurydice et Psyché. Chacune de ces femmes se trouve à un moment charnière de son existence, en instance de métamorphose. Elles ont vécu des événements marquants qui ont ébranlé leur identité, les plongeant dans un état de transformation et de quête personnelle.
À travers cette série d’œuvres, ces figures mythologiques deviennent les facettes d’une seule femme, symbolisant le voyage intérieur vers l’épanouissement. Leur juxtaposition raconte un cheminement, celui d’une femme en quête d’elle-même, en traversant les épreuves qui la mèneront à une compréhension plus profonde de son identité.
Papillons interroge le processus de la métamorphose, ce moment fragile où l’on se réinvente, guidé par la perte et la reconstruction. Cette exposition vous invitera à plonger dans ces histoires de transformation, où l’âme, telle un papillon, se déploie après la traversée de ses ombres."

 Je rappelle qu'en grec ancien, le mot psychê signifie âme et papillon...

 


vendredi 25 octobre 2024

Marie H. Sirois, Echo et Narcisse

Voici longtemps que je voulais vous faire découvrir le travail qu'a inspiré à Marie H. Sirois la fable d'Echo et Narcisse :

 

Narcisse est là, déjà métamorphosé ; quant à Echo, elle apparaît en miroir - tiens… - tenant elle-même un miroir -  tiens, tiens… - et nous montre un visage aussi lisse que la surface d’un miroir - tiens, tiens, tiens…

En accompagnement, Marie H. Sirois cite un extrait de l’ouvrage d’Hélène Vial La métamorphose dans les Métamorphoses d’Ovide :

"(...) alors que les os deviennent pierre la voix d'Écho reste inchangée. Cette immuabilité est doublement miraculeuse, car elle représente le triomphe de la voix à la fois sur la disparition et sur la pétrification; n'y a-t-il pas dans cette image une définition du désir profond de tout poète, surtout lorsque son exigence de perfection prend sa source dans l'espoir d'atteindre, par son œuvre, à la vie éternelle ? Devenue invisible, dépouillée de ce corps de femme qui était sa prison, Écho, qui avait perdu la libre jouissance de sa propre parole et n'était pas parvenue à se faire entendre de celui qu'elle aimait, obtient finalement d'être entendue de tous et de confondre pour toujours son nom avec la part la plus inaliénable d'elle-même : ce son qui constitue, dorénavant, son seul corps. Est-ce vraiment le son qui vit en elle, comme l'écrit Ovide? N'est-ce pas plutôt elle qui, désormais, vit dans le son et même ne vit plus qu'en lui, le reste de sa personne s'étant aboli ou pétrifié ? À travers le trouble suscité par la formule finale, c'est l'équivalence du son et de la vie qui, par-delà le destin individuel d'Echo, se trouve affirmée. De l'humiliation et de la souffrance peuvent donc jaillir, par la métamorphose et le « retour à la sonorité pure », l'immortalité et la gloire."

Et, en accompagnement de l'accompagnement, un extrait de la version de la fable d’Ovide écrite par le poète Ted Hughes. Les anglophones apprécieront :

The moment Echo saw Narcissus

She was in love. She followed him

Like a starving wolf

Following a stag too strong to be tackled.

And like a cat in winter at a fire

She could not edge close enough

To what singed her, and would burn her.

She almost burst

With longing to call out to him and somehow

Let him know what she felt.

But she had to wait

For some other to speak

So she could snatch their last words

With whatever sense they might lend her.

It so happened, Narcissus

Had strayed apart

From his companions.

He hallooed them: "Where are you?

I'm here." And Echo

Caught at the syllables as if they were precious:

"I'm here," she cried, "I'm here" and "I'm here" and

"I'm here."

Narcissus looked around wildly.

"I'll stay here," he shouted.

"You come to me." And "Come to me,"

Shouted Echo. "Come to me,

To me, to me, to me."

Narcissus stood baffled,

Whether to stay or go. He began to run,

Calling as he ran: "Stay there." But Echo

Cried back, weeping to utter it, "Stay there, Stay there, stay there, stay there."

Narcissus stopped and listened. Then, more quietly,

"Let's meet halfway. Come." And Echo

Eagerly repeated it: "Come."

But when she emerged from the undergrowth

Her expression pleading,

Her arms raised to embrace him,

Narcissus turned and ran.

"No," he cried, "no, I would sooner be dead Than let you touch me." Echo collapsed in sobs,

As her voice lurched among the mountains:

"Touch me, touch me, touch me, touch me."

Echo moped under the leaves.

Humiliated, she hid

In the deep woods. From that day

Like a hurt lynx, for her

Any cave was a good home.

But love was fixed in her body

Like a barbed arrow. There it festered

With his rejection. Sleeplessly

She brooded over the pain,

Wasting away as she suffered,

The petal of her beauty

Fading and shrivelling, falling from her—

Leaving her voice and bones.

Her bones, they say, turned

Into stone, sinking into the humus.

Her voice roamed off by itself,

Unseen in the forest, unseen

On the empty mountainside—

Though all could hear it

Living the only life left to Echo. »

 

Bonne lecture ! ture ! …ture !

Enjoy ! ... joy ! ... joy !...

mercredi 23 octobre 2024

La véritable histoire de la Gorgone Méduse

Vous serez à Lyon dans les premiers jours du mois de novembre ? Alors, précipitez-vous à l'ENM (École Nationale de Musique, Danse et Art Dramatique) de Villeurbanne, où sera donné les 2, 3 et 4 un spectacle intitulé La véritable histoire de la Gorgone Méduse, dans la mise en scène de Nicolas Robinet.

 Bon spectacle !



mercredi 9 octobre 2024

Ne jamais arriver

Pas d’ouvrage savant aujourd’hui, mais un récit inspiré de l’exil d’Ovide, Ne jamais arriver, que nous devons à Béatrice Commengé et que publient les éditions Verdier (https://editions-verdier.fr/livre/ne-jamais-arriver/).

L’autrice nous apprend son intention de faire un voyage sur les traces d’Ovide exilé à Tomis, la moderne Constanţa, en Roumanie. Son but ultime est l’insula Ovidiu, l’île d’Ovide, où le poète, selon certaines traditions, aurait vécu. Mais ce voyage, initialement prévu pour mars 2020, est reporté pour cause de COVID - vous vous souvenez ?... Voilà qui laisse à l’autrice le temps de voyager en imagination dans des lieux ovidiens – mais pas exclusivement – qu’elle a déjà fréquentés.

Le voyage à l’insula Ovidiu finira par se faire, mais Béatrice Commengé arrivera-t-elle jamais là où elle se proposait d'aller, sur cette île qui « avait nourri [s]on rêve pendant trois ans » ?

Rendez-vous pour l’apprendre p. 157…

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5f/Insula_ovidiu.jpg

samedi 5 octobre 2024

Ovide moralisé

Voici longtemps que nous l'attendions. Eh bien, n'attendons plus : la traduction de l’Ovide moralisé en vers du XIVe siècle (édité par l’équipe Ovide en français) est disponible - pour ce qui concerne, du moins, le livre I - depuis le 11 septembre dernier aux éditions Classiques Garnier dans la collection du Moyen Age en traduction, grâce aux soins de Prunelle Delville et de Marylène Possamai-Pérez (https://classiques-garnier.com/ovide-moralise-livre-i.html).

Cette traduction "vise à restituer le ton didactique et la poésie de l'œuvre et à en rendre le fonctionnement profond. L'introduction résume les épisodes du récit, en explique la démarche allégorique et rend compte des études critiques consacrées au poème".

Mais, demanderont certains, qu'est-ce que l'Ovide moralisé

L'Ovide moralisé est une traduction des Métamorphoses, traduction anonyme de 72000 vers - oui, vous avez bien lu : 72 000 octosyllabes pour traduire les 12 000 vers d'Ovide... Autant dire que les normes respectées par le traducteur médiéval sont quelque peu différentes de celles que respectent les traducteurs modernes. C'est que le traducteur médiéval a un projet bien particulier : faire du texte antique - et donc païen - une oeuvre qu'un lecteur médiéval puisse lire sans risquer de se damner et même, chose extraordinaire, en étant assuré de faire son salut. Comment la chose est-elle donc possible ? Il serait trop long de l'expliquer ici. Mais si vous souhaitez en apprendre davantage, n'hésitez pas à suivre ce lien : https://journals.openedition.org/anabases/3243

Dernières précisions : l'ouvrage compte 123 pages et coûte19 € (broché) ou 68 € (relié).

Bonne lecture !